Catastrophique. La situation du travail et de l'emploi féminin en Algérie se révèle être à la fois surprenante et préoccupante. Le dogme, aussi vulgaire qu'impérieux selon lequel, les algériennes travailleuses dominent le marché de l'emploi s'est effondré hier : 6 900 000 de femmes sont inactives. Pour une raison ou une autre, (et les facteurs ne sont pas tous identifiés) elles n'ont pas été intégrées dans le secteur marchand. C'est la conclusion phare de l'enquête effectuée par l'Office national des statistiques, ONS, en octobre 2006. Un énorme brouhaha, se rappelle-t-on, avait suivi l'annonce de ces résultats, faisant ressortir entre autre, la baisse du taux de chômage à 12.3%, en 2006. En présentant, hier, au siège du département de l'emploi et de la solidarité nationale, le bilan exhaustif de cette enquête accomplie par l'ONS auprès de 15 000 ménages et ayant touché l'ensemble du territoire national, le Dr. Djamel Ould Abbès a tenu encore une fois à confirmer, mais à démontrer par a+b, que "ce taux de chômage de 12.3 est bel et bien réel ". La population active en Algérie est de 10 100 000 personnes en octobre 2006. La population occupée est de 8 869 000 et les chômeurs sont ainsi au nombre de 1 245 000. "C'est un chiffre important", estime Ould Abbès. Heureusement que la tendance à la baisse va se poursuivre à la faveur du lancement des projets structurants dans les travaux publics, l'agriculture et l'hydraulique, pour ne citer que ceux là et grâce à un effort de financement public important. " 38 milliards DA pour l'emploi dans le cadre des deux programmes du développement des Hauts Plateaux et du Sud et des 153 milliards débloqués par l'Ansej", rappelle M. Ould Abbès entre autres. M. Souaber Hassane, directeur à l'Office national des statistiques, a mis en exergue bon nombre de traits spécifiques du marché de l'emploi et du chômage en Algérie. Pour revenir à l'emploi féminin, force est de relever que 1 179 000 femmes sont actives, soit 18% de la population active globale. 68% de ces femmes se trouvant dans le milieu urbain et 31% dans les zones rurales. Aussi, concernant la répartition du travail par secteur, il y a lieu de constater que 54% des femmes sont employées dans les deux secteurs du commerce et des services. Quant aux caractéristiques de la population des chômeurs, l'enquête de l'ONS a fait ressortir que 20% des chômeurs sont des femmes. Encore des femmes ! Le comble, et ce n'en est pas moins drôle que, 64% des femmes interrogées, activent ou pas, préfèrent rester au foyer. Cela dit, il faut savoir que le chômage touche plus les jeunes : 70 % ont moins de 30 ans. Par contre, le chômage s'affiche à moins de 10% pour ceux ayant 35 ans et plus. Les secteurs de l'éducation, de l'enseignement et de la formation professionnelle sont au banc des accusés. En Algérie, plus on est instruit, plus on cours le risque de se retrouver chômeur. L'adaptation des ressources humaines aux besoins du marché et orientations économiques a été donc mis en exergue par les experts réunis au ministère de l'Emploi, où on se plaint des difficultés de recruter…des maçons ! Le secteur privé a enregistré, quant à lui, une formidable percée en matière de création d'emplois I est pourvoyeur de 70 % des emplois, mais 78% de ces mêmes emplois crées ne sont pas toutefois déclarés. Cette évolution a vraisemblablement favorisé l'accroissement du travail indépendant et des employés au détriment du salariat. Le salariat permanent a reculé de 63% en 1987, à 27% en 2006. Le caractère précaire du travail se fait remarquer en 2006. D'autre part, les relations personnelles sont les meilleurs moyens de trouver un travail : 44% des hommes et 28 % des femmes disent avoir contacté des connaissances personnelles afin d'obtenir un emploi. A la fin de cette rétrospective, et en réaction à ces nouveaux enseignements tirés de cette enquête, le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale a annoncé la création d'un comité pour la promotion du travail des femmes et l'identification des raisons de cette forte proportion d'inactivité chez les femmes algériennes. L'échantillonnage de l'enquête de l'ONS, même ne remettant pas en cause les aboutissements de l'enquête, est considéré comme relativement faible. M. Ould Abbès a exprimé, aux services de l'ONS, sa disponibilité à mettre les moyens nécessaires pour l'élargir à 40 000 ménages, comme c'est le cas des études menées chez nos voisins marocains et tunisiens.