Barack Obama a jonglé entre le réalisme économique et l'espoir devant le Congrès, où il a tenté de rassurer les Américains sur la capacité des Etats-Unis à sortir de la crise "plus forts qu'avant". Pour son premier discours de président devant le Sénat et la Chambre des représentants réunis, il a souligné qu'après les excès du passé était venu "le jour des comptes". Il a tout à la fois tenté de tempérer les attentes quant aux effets à court terme de sa politique et assuré que l'Amérique, affectée par la crise la plus dure depuis plusieurs décennies, saurait se redresser. "Bien que notre économie puisse être affaiblie et notre confiance ébranlée, bien que nous traversions une période difficile et incertaine, ce soir je veux que chaque Américain sache ceci: Nous allons reconstruire, nous allons nous relever", a déclaré Obama dans son discours. "Et les Etats-Unis d'Amérique en sortiront plus fort qu'avant", a insisté l'homme élu sur le slogan "Yes we can" ("Oui nous pouvons"), qui dirige aujourd'hui un pays frappé de plein fouet par la récession et la flambée du chômage. Barack Obama, qui a rappelé avoir hérité d'un déficit public supérieur à 1.000 milliard de dollars, a vite adressé un flot de critiques indirectes à son prédécesseur George Bush, prévenant que l'heure des comptes était venue. Il a mis en avant sa volonté de rompre avec les politiques qui ont terni l'image des Etats-Unis à l'étranger. Il avait déjà agi en ces sens en décidant, dès son arrivée à la Maison blanche, de fermer la prison militaire de Guantanamo. "L'Amérique ne torture pas", a-t-il lancé, en référence à l'autorisation par Bush de méthodes d'interrogatoire controversées. Il a en outre répété que les efforts militaires se concentreraient désormais sur l'Afghanistan et a annoncé qu'il présenterait bientôt un plan pour "mettre fin de façon responsable" à la guerre en Irak. Contrairement aux premiers jours de sa présidence, imprégnés de politique étrangère, Barack Obama a consacré la majeure partie de son discours à l'économie, préoccupation majeure des Américains. Le président qui a promis de réduire le déficit de moitié d'ici la fin de son mandat en 2013, a de nouveau plaidé pour la responsabilité fiscale et dit avoir identifié 2.000 milliards d'économies potentielles pour les dix prochaines années. Mais il a parallèlement évoqué un programme large et potentiellement coûteux, promettant de tenir sa promesse d'une assurance-maladie pour tous et de s'engager plus avant dans la lutte contre le changement climatique. S'il bénéficie d'un large soutien dans la population, selon plusieurs sondages diffusés récemment, Wall Street reste sceptique quant à l'efficacité de sa politique. L'administration Obama a fait adopter depuis son arrivée un plan de relance de 787 milliards de dollars, un plan pour le secteur immobilier et a renouvelé le programme d'aide au secteur financier. Le président américain a prévenu que la relance de l'économie et le sauvetage des banques en difficulté pourraient nécessiter davantage d'efforts financiers mais, a-t-il souligné, "bien que le coût de l'action soit important, le coût de l'inaction serait plus grand encore". Volontiers volontariste, il a teinté son discours d'optimisme et rompu avec le ton employé récemment, que certains démocrates jugeaient trop triste. "Le seul moyen de faire de ce siècle un nouveau siècle américain est de nous attaquer au prix de notre dépendance au pétrole, au coût élevé de la santé, aux écoles qui ne préparent pas nos enfants et à la dette vertigineuse dont ils sont en passe d'hériter", a-t-il souligné. R.I