Elle a tous ses cheveux, toutes ses dents, sauf que le petit côté glamour qui ruisselait chez elle quand elle montait sur les scènes de ces 30 ans, s'est un peu dissipé. Elle a beaucoup de dépit et surtout de la révolte à l'égard de tous les OVNI du monde lyrique qui ne travaillent pas et qui détruisent de façon outrageante le patrimoine musical algérien notamment “mes chansons” révèle la Seloua du haut de ses 74 ans lors d'une conférence de presse animée mardi dernier au théâtre de verdure, à l'occasion d'un double concert qu'elle animera au même endroit aujourd'hui (20h30) et demain (17h).Haut noir et blanc, pantalon et chaussures sobres, la Seloua n'a pas beaucoup souri lors de ce rendez-vous initié par l'établissement Arts et culture de la wilaya d'Alger. Trente cinq ans de traversée du désert ! Le porte-étendard de la chanson algérienne des années 70/80, a été mise à l'écart durant tout ce temps où d'autres noms ont émergé où d'autres styles musicaux ont vu le jour ou un autre goût musical formé. " Je n'ai aucunement souffert durant cette période où j'ai fait une Omra, une Hadja, en continuant à écrire et à composer des chansons " lance La Seloua qui a refusé de parler de son nouveau produit composé d'un double album traitant de faits sociaux et d'amour. Cette discrétion n'est pas gratuite, parce que la chanteuse avoue qu'elle ne supporte plus "les pilleurs de rythmes et de textes dont elle a fait les frais de façon redondante." Elle ne veut pas non plus donner son travail au premier éditeur venu car en artiste exigeante, elle conditionne la sortie de son produit à une bonne distribution étalée sur tout le territoire national. Sans cela, son oeuvre restera dans ses bras le temps de trouver un éditeur à la mesure de ses exigences. Toutefois, la conférencière qui a répondu tout de suite oui à l'invitation de l'établissement Arts et culture sans chichi aucun, annonce que le public découvrira l'une de ses nouveautés durant le double concert prévu pour le week-end. Elevée dans le culte des anciens comme Fadila Dziria " mon intime qui venait chez moi quand elle avait mal", Seloua trouve que le niveau des interprètes d'aujourd'hui surtout ceux du rai est lamentable "quoique ceux qui ont réussi comme Khaled n'ont fait que reprendre le rai du terroir" dira-elle dépitée surtout quand des interprètes la reprennent en travestissant l'authenticité de son oeuvre. Elle a clamé fort la mise en ordre de l'arène musicale par la création " d'une commission de censure qui filtrerait les mots et les proses moralement incorrects." Tout ce qui n'est pas patrimonial semble pour la chanteuse "qui fait quatre à cinq répétitions avant de monter sur scène", inaudible. Comme prisonnière du passé, Seloua ne croit qu'aux anciens comme Hamada, Meriem Fekkai, etc… Elle désavoue aussi Alhan wa chabab version 2006/ 2009, " très coûteux, et sans espoir " et regrette le concours lyrique des années 80 " moins coûteux et plus performant." dira t-elle encore en rappelant qu'à cette époque où elle était dans le fauteuil de juge, il y a eu des révélations comme Nerdjess ou devenue des noms. Seloua ne supporte pas non plus qu'on touche à son répertoire de façon désinvolte et encourage des interprètes comme Nada Errayhan, une artiste " qui a une très belle voie et qui reprend de façon authentique mes chansons" avoue -telle encore. Originaire de la ville des roses, Seloua souri en rêvassant quand elle parle de cette contrée où elle peut "marcher en fermant les yeux."Né à Bouzaréah en 1935, la chanteuse est viscéralement attachée à Blida, la ville qui a longtemps préservé cette musique ancestrale qu'elle défend tant.Aux concerts d'aujourd'hui et de demain, la Seloua est sûre qu'elle partagera un moment heureux avec un public "vieux et neuf. Par Yasmine Ben