Un nouveau nom est entrain d'émerger sur la scène lyrique, pas tout à fait mondiale, mais la scène lyrique d'ici et de là-bas comme on dit. Là-bas c'est surtout la France et ici c'est le Maghreb. Elle s'appelle Amel Mathlouthi, tout juste vingt six ans et le double de spectacles à son tableau. Elle chantera ce soir à partir de 20h dans les jardins du centre culturel français d'Alger, (CCF). Amel Mathlouthi est tunisienne, mais son nom il a été révélé comme toujours d'abord en France puis, chez elle en Tunisie, et là elle décolle réellement. Pas de style particulier pour cette jeune qui écrit elle-même ses chansons et qu'on présente comme étant " un canon ". Elle peut chanter du hip hop, de l'universel, du tzigane, à peu près tout donc elle a une voix, pas encore de genre. C'est l'équivalent un peu de notre Souad Massi, dans le sens oû les deux jeunes artistes ont eu pratiquement le même parcours. Elle aime Marcel Khalifa, Cheikh Imam et Faïrouz, écoute Bob Dylan et Joan Beaz, du pur révolutionnaire ! Elle chante aussi, et çà fait atypique dans des groupes de rock, de musiques tziganes et flamenco, elle est lauréate de plusieurs prix. L'an dernier déjà, personne n'entendait parler de cette églantine née le 11 janvier 1982. Hormis un petit cercle d'amis, elle qui se produisait dans une salle de Tunis devant un auditoire clairsemé, n'avait pas beaucoup fait parler d'elle tout comme c'était le cas de notre Souad Massi à ses débuts. En ce temps là, disons cinq ans auparavant, elle chantait à la ronde, juste pour le fun. D'abord hésitante puis rassérénée par un public séduit par son entrain et sa voix veloutée, elle allait éclater. Rien ne prédestinait Amel à monter sur scène. Après avoir poursuivi son cursus au lycée El Menzah9 elle s'était inscrite à l'école supérieure des sciences et technologies du design (ESSTED) du Den Den au sein de laquelle elle s'était spécialisée en publicité graphique. A 25 ans, elle débarquait en France pour y effectuer un stage .Ce fut un tournant dans sa vie. Son talent aux multiples facettes n'échappa pas aux impresarios toujours à l'affût de l'oiseau rare. Le reste ressemble à un conte de fée. La jeune Amel vole de succès en succès faisant salle comble à chacune de ses sorties. Son talent est enfin reconnu. Cependant, nul n'est prophète en son pays L'adage s'est vérifié, une fois de plus avec Amel. Célèbre, adulée même dans l'Hexagone où son nom figure " en haut de l'affiche", son auditoire reste, dans son propre pays, relativement restreint. A 26 ans la jeune Amel chante, compose et écrit ses textes. Sa musique est un savant dosage de styles musicaux de divers horizons allant de la musique tzigane, au folk, en passant par le gnawi et le hip hop. Comme plusieurs de ses contemporains, Amel a appris à jouer seule de la guitare, instrument dont elle ne se sépare jamais. Parmi ses morceaux les plus connus mais les mieux achevés : Bin El Widiène, Hilma et Khaief et Kelmti horra... Elle maîtrise magistralement sa voix et en exploite tout le potentiel. Même à ses débuts, la jeune artiste reprenait des chansons de Fayrouz, Marcel Khalifa ou encore des morceaux réputés difficiles comme " Ederlezi " chant tzigane connu pour avoir figuré sur la bande originale du film " Le temps des gitans " d'Emir Kusturica. Reprises qu'elle exécutera avec brio à plusieurs occasions y compris au cours de ses concerts dans son ancienne école. Ceux qui ont parié sur elle ne s'y sont pas trompés. En Septembre 2006, Amel sort son premier album, album dont elle est aussi la productrice. Cet opus s'intitule " Peur.. ". Le succès est au rendez-vous et l'artiste devient l'icône de jeunes aspirants artistes tunisiens. Une belle revanche pour Amel qui a longtemps souffert de n'être pas reconnue dans son propre pays. Désormais, elle figure sur les affiches des plus grandes manifestations musicales locales et son nom suffit à remplir les salles. Par Rebouh H