Après être tombé sous les 38 dollars en début de semaine, le brut s'est fortement repris ces derniers jours, boosté par une baisse plus forte qu'attendue des stocks d'essence aux Etats-Unis. Dans son dernier rapport hebdomadaire, le département à l'Energie américain a fait état d'un recul de 3,4 millions de barils de stocks d'essence alors que les stocks commerciaux de brut, hors réserve stratégique ont augmenté de seulement 0,7 million de baril pour la semaine close le 13 février, alors que le consensus tablait sur une hausse de 1,4 million de barils. En outre, "les importations de brut, qui avaient été drastiquement réduites, la semaine précédente, de 860 000 barils, ont échoué à repartir et elles ont encore baissé de 20 000 barils" la semaine dernière, ont observé les analystes du cabinet viennois JBC Energy. Cette baisse des importations, pour la deuxième semaine d'affilée, "pourrait signifier que les baisses de production de l'Opep commencent à faire sentir leurs effets sur le marché américain", en déduisent-ils. Car le marché garde un œil sur l'étiage des réserves américaines et, de l'autre, il surveille étroitement le niveau de production de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep). L'Organisation pétrolière tente d'ajuster son offre à une demande qui s'est contractée cette année, pour la première fois en un quart de siècle, de 1 million de barils par jour, selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). L'Opep s'est engagée fin 2008 à réduire de 4,2 millions de barils par jour (mbj) son offre, et il semble que le sevrage progressif du marché commence à faire sentir ses effets. Mardi, le cabinet suisse Petro-Logistics avait estimé dans un rapport que l'Organisation avait ramené sa production à 25,3 mbj en février. Ces chiffres respecteraient ainsi quasiment son plafond de production fixé à 24,84 mbj, faisant preuve d'une rigueur à laquelle elle n'avait jusqu'alors pas habitué le marché. En outre, les producteurs pourraient s'engager à resserrer encore les vannes de l'or noir lors de leur prochaine réunion, le 15 mars, pour faire remonter le prix du baril au niveau qu'ils souhaitent obtenir, 70 dollars. "Les menaces persistantes sur l'offre (de pétrole), à l'approche de la prochaine réunion du cartel en mars, continuent à soutenir les prix. Maintenant, la plupart des opérateurs se sont rendu compte que le groupe ne plaisantait pas s'agissant de réduire sa production", a résumé M. Kryuchenkov, du cabinet VTB Capital. Jeudi, le baril a ainsi fini sur une jolie progression, de 2,22 dollars à Londres et 2,72 dollars à New York. En trois séances, les prix ont ainsi accumulé des gains de 6,49 dollars à New York et 5,88 dollars à Londres, soient respectivement 16,75% et 14,5% de leur valeur. "La dynamique haussière a continué, soutenue par l'annonce des Emirats Arabes Unis, qui ont affirmé que les livraisons en Asie allaient diminuer en avril par rapport à mars", ont précisé les analystes de NBC Energy. Malgré le léger fléchissement enregistré vendredi matin, les cours restaient nettement en hausse sur la semaine, de plus de 4 dollars à Londres et de quelque 3 dollars à New York. Vers 11H00 GMT, le Brent de la mer du Nord pour livraison en avril perdait 50 cents sur l'InterContinental Exchange de Londres, par rapport à la clôture de la veille, à 46,01 dollars le baril. A New York, le baril de "light sweet crude" pour livraison en avril gagnait 87 cents à 44,35 dollars. "Aujourd'hui (vendredi), il sera important d'observer les indicateurs macroéconomiques, les prix pouvant baisser un peu avant le week-end", a prévenu Andrey Kryuchenkov, du cabinet VTB Capital. Les chiffres révisés du PIB américain au dernier trimestre, attendus vendredi, pouvaient en effet grignoter un peu les gains récents du pétrole. Synthèse Yacine B.