Dans le sillage de la conjoncture actuelle, la réforme du secteur bancaire vient d'être remise aux devants de la scène. La question demeure posée depuis le gel du processus de privatisation du CPA (Crédit Populaire d'Algérie). Ceci a permis de confondre la stratégie du gouvernement à une tentative d' "éviter le marché international". En effet, le système bancaire semble avoir évité le pire de la crise économique mondiale, ayant peu d'actifs toxiques et un faible volume d'activités à l'étranger. Début octobre, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, déclarait à la presse locale que le système économique et financier algérien était à l'abri des pires conséquences de la crise, car il n'était pas aussi "développé et que notre marché de capitaux n'est pas totalement intégré aux marchés mondiaux". Néanmoins, le repli des marchés internationaux a entraîné un ralentissement du processus de réforme. L'un des piliers fondamentaux de la réforme était la privatisation de six banques d'Etat, à commencer par le Crédit Populaire d'Algérie (CPA), dont la cession était prévue pour début 2008. Après avoir reçu l'expression d'intérêt de la part d'un certain nombre de banques étrangères, le gouvernement a annoncé que la privatisation du CPA était indéfiniment suspendue en raison de l'inquiétude suscitée par l'ampleur de la crise financière mondiale. Les autorités ont déclaré que les conditions n'étaient pas propices à la cession, à l'issue de laquelle l'Etat entend se procurer quelque 1,5 milliard de dollars. Il a également été suggéré que l'ensemble du processus de privatisation avait été remis à plus tard en raison des préoccupations croissantes en Algérie concernant la domination étrangère du secteur bancaire ainsi qu'à l'encontre des investisseurs étrangers qui transfèrent des bénéfices importants à l'étranger aux dépens du pays. La Banque d'Algérie, qui exerce le rôle de banque centrale et d'autorité de régulation du secteur, compte 16 banques à capitaux privés en Algérie, bien que le secteur bancaire est dominé par six banques publiques. Selon un rapport publié par la Gulf Investment House en décembre 2008, les banques appartenant à l'Etat détiennent 95% du total des actifs du secteur. Cette situation est essentiellement due à un décret gouvernemental de 2004 qui oblige les entités du secteur public à travailler exclusivement avec les banques publiques, ce qui limite les dépôts effectués dans les banques privées. Néanmoins, Hamid Temmar, ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, a indiqué, devant le Parlement le 22 janvier, que le gouvernement était résolument engagé à privatiser les entreprises publiques, à l'exception de la compagnie pétrolière Sonatrach, de la compagnie d'électricité et de gaz, Sonelgaz, et de la compagnie des chemins de fer. Les banques publiques, elles aussi, éprouvent des difficultés. Si au chapitre des dépôts le bilan est positif, elles s'avèrent moins performantes quand il s'agit de retenir leur personnel. Selon un rapport publié par l'Association professionnelle des banques et établissements financiers, pas moins de 2500 cadres bancaires du secteur public sont passés au secteur privé depuis 2001, motivés par un meilleur salaire. Afin d'enrayer leur fuite, le gouvernement a octroyé une augmentation de salaires, pouvant atteindre les 30%, selon l'importance de la fonction. Ces augmentations, qui sont entrées en vigueur au mois de juin, ont touché environ 23 000 salariés du secteur financier public. M. Amani