Véritable coup de massue pour la réforme financière. A une journée de la date limite de dépôt des offres techniques, le ministère des Finances décide de surseoir à l'opération de privatisation du Crédit populaire d'Algérie. Par voie de conséquence, la séance d'ouverture des plis, programmée pour demain, a été reportée «en attendant une meilleure visibilité sur les marchés internationaux». La raison invoquée dans un communiqué, répercuté par l'APS, a trait «à l'impact non encore évalué de la crise internationale des crédits hypothécaires» et d'ajouter que l'objectif de ce renvoi est de «réunir toutes les conditions d'un transfert de savoir-faire bancaire, technique, commercial et financier au CPA, d'enrichir sa gamme de produits et services, de moderniser ses outils de gestion et de contribuer enfin au développement général de tout le secteur bancaire algérien». La privatisation du CPA, cinquième banque algérienne et première banque publique à être mise sur le marché, devait avoir lieu avant la fin de l'année. Ainsi, la crise des crédits hypothécaires dans le monde «hypothèque» l'ouverture du capital du CPA, loin de nous l'idée de faire un jeu de mots. Pourtant, les banques candidates à la privatisation du CPA avaient reçu, le 30 octobre dernier, les documents nécessaires à l'établissement des offres techniques et financières, a récemment annoncé Mohamed Djelab, directeur général de cette banque. Quoique le ministre des Finances eut affirmé que le dépôt des offres pour le «rachat» du CPA se fera «au plus tard avant la fin d'octobre». Six banques internationales étaient en lice. Il s'agit des françaises BNP Paribas, Crédit Agricole, Banques Populaires, Société Générale, de l'américaine Citibank et de l'espagnole Santander. Cette dernière a décidé, récemment, de faire marche arrière. La banque espagnole a récemment informé, via la Compagnie Rothschild, le gouvernement de son intention de ne point déposer une offre pour la reprise du CPA. Ce retrait semble surprendre le département de Karim Djoudi qui a décidé de surseoir à l'ouverture du capital du CPA. Ainsi classé comme une démarche stratégique irréversible en Algérie, le processus des privatisations marque, désormais, le pas. Le ministre des Finances vient d'ajouter un autre fait probant à ce recul et à l'assouplissement des convictions ultralibérales des responsables en charge de la réforme financière. En outre, ce recul, à l'instar de la loi sur les hydrocarbures, illustre la volte-face inattendue des pouvoirs publics. Dans cette démarche «à reculons», les autres banques ne sont plus privatisables. Ceci va à l'encontre des recommandations du FMI qui a estimé que l'Algérie doit faire des efforts pour accélérer le processus de privatisation des grandes banques publiques pour mieux soutenir la réforme et la modernisation du système bancaire algérien. Avec ce recul, le FMI ne saura plus quoi conseiller. L'Union européenne aussi.