La crise économique continue et la situation ne fait que s'aggraver ; c'est la panique générale, les banques du monde entier déploient des efforts pour sauver la situation, des centaines de milliards sont récoltés. PAR AILLEURS, le directeur général du FMI s'est indigné, mardi dernier, quant à la lamentable situation dans laquelle s'est retrouvé le FMI, incapable de mobiliser des centaines de millions pour les pays à bas revenus. Ce que le numéro un de l'institution internationale appelle désormais "la Grande récession" est en train de fondre sur les pays pauvres après avoir balayé les pays industrialisés, puis les pays émergents. Pour la première fois depuis soixante ans, la croissance mondiale sera négative cette année et l'Afrique, qui a réalisé un +5,4 % fort honorable, en 2008, ne devrait plus afficher qu'un progrès de +3 % en 2009. Selon les évaluations du FMI, cette catastrophe économique qui est née aux Etats-Unis va frapper de plein fouet 22 pays particulièrement vulnérables et dont le très grand nombre se trouve en Afrique subsaharienne. C'est pourquoi le FMI demande 25 milliards de dollars pour minimiser les dégâts, car dans un scénario catastrophe, et ce, selon Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, les besoins de financement seraient significativement plus élevés ; 48 pays en difficulté auraient alors besoin de 138 milliards de dollars pour préserver leurs maigres réserves de change tombées sous la limite fatidique des 3 mois d'importations. Cette crise a causé inévitablement la chute de la demande des matières premières. Il faut dire que la contamination des pays à bas revenus était fatale. Bien que leur secteur financier n'ait pas goûté aux "subprimes" vénéneuses, ces pays sont intégrés dans la mondialisation et la chute de la demande de matières premières depuis six mois provoque un important recul de leurs recettes et donc de leur développement : un point de croissance mondiale en moins ampute de un demi point celle de l'Afrique subsaharienne. Plusieurs pays sont en train de vivre ce violent coup de frein, notamment l'Angola, la République démocratique du Congo, le Soudan et le Nigeria. La peur du risque pousse les investisseurs à délaisser des pays certes très rentables, mais très aléatoires. Les investissements étrangers dans ces pays pourraient ainsi diminuer de 20 % en 2009. Il faut dire que l'impact de cette crise a le même effet que la boule de neige qui commence petite et devient géante après. Un simple exemple, les travailleurs émigrés qui ont l'habitude d'envoyer de l'argent chez eux ne peuvent plus le faire à cause du licenciement ; ces envois pesaient aux Comores 21,2 % du produit intérieur brut en 2008 ; cette proportion tomberait à 14,6 % en 2009. Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales africains qui, sous l'égide du FMI et de la Tanzanie, participaient à la conférence de Dar-es-Salaam, étaient partagés entre la crainte et la colère. La crainte parce qu'ils savent qu'ils n'ont pas les moyens de lancer, comme les pays riches, des plans de relance économique et de soutien social. Tout comme ils savent aussi que le taux de pauvreté augmente au rythme de deux points quand la croissance recule d'un point et que le mécontentement des défavorisés provoque inévitablement des troubles sociaux et politiques. Par ailleurs, l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, s'est exprimé en justifiant la colère de ces responsables car ils ne sont pas responsables de la crise. Ce qui est important à faire rappeler c'est que les 25 milliards de dollars réclamés en urgence représentent la moitié de l'aide supplémentaire promise chaque année par le G7 depuis 2005. Mais hélas, cette promesse n'a jamais été honorée. Malika A.