Le 5e Forum mondial de l'eau a débuté hier à Istanbul, en Turquie. Des mises en garde contre les consommations excessives et les pratiques déraisonnables ont marqué l'ouverture des discussions. Le Forum s'est ouvert avec une mise en garde contre des pratiques “inconséquentes” telles que les consommations “extravagantes” ou les gaspillages qui contribuent à une hausse vertigineuse de la demande. Près de 28 000 personnes originaires de plus de 180 pays -un record selon les organisateurs- sont attendues au cours de cette manifestation d'une semaine. “Nos comportements sont de plus en plus déraisonnables et inconséquents”, a averti lors de la cérémonie d'ouverture le Français Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l'eau, organisateur de l'événement. “Accroître indéfiniment l'offre en eau coûte cher, beaucoup plus cher aujourd'hui dans un contexte d'évolution climatique et de crise financière. Accroître l'offre met en péril le milieu naturel”, a-t-il expliqué. “Nous sommes responsables des agressions commises contre l'eau, responsables de ces évolutions du climat qui viennent s'ajouter aux changements globaux, responsables des tensions qui réduisent la disponibilité des masses d'eau douce indispensables à la survie de l'humanité”, a-t-il lancé. La population mondiale, qui s'élève aujourd'hui à 6,5 milliards d'habitants, devrait dépasser les 9 milliards en 2050. Suivant ce rythme, la demande en eau devrait augmenter de 64 milliards de m3/an, estime l'ONU. Réunis à l'appel de syndicats, associations écologistes et partis de gauche, ils scandaient des slogans tels que “l'eau n'est pas à vendre”. Au moins quinze personnes ont été interpellées. Un mini-sommet rassemblant une dizaine de chefs d'Etat et de gouvernement -parmi lesquels Apisai Ielemia, Premier ministre du petit archipel de Tuvalu, dans le Pacifique, directement menacé par la montée des océans- devrait avoir en fin de journée. Sur fond d'augmentation de la population mais aussi du niveau de vie général, donc de la demande en eau, une crise mondiale de l'eau menace si la communauté internationale ne prend pas des mesures d'urgence, estime l'ONU. “L'eau n'est pas seulement une affaire politique”, déclare Daniel Zimmer, directeur associé du Conseil mondial de l'eau, qui regroupe des ONG, des gouvernements et des organisations internationales et qui a mis sur pied le Forum mondial, lequel se tient tous les trois ans. Les pénuries d'eau sont citées comme l'une des causes sous-jacentes du conflit du Darfour, dans l'ouest du Soudan. L'eau est également une sérieuse pomme de discorde entre Israël et ses voisins arabes, ainsi qu'entre les pays d'Asie centrale, l'une des régions du globe les plus arides, où une culture comme le coton absorbe beaucoup d'eau. Dalila B.