L'organisation patronale veut réhabiliter le label algérien auprès des consommateurs. Au terme d'une préparation, qui aura duré plusieurs mois, le Forum des chefs d'entreprise a, officiellement, lancé, hier dans la soirée, en présence de plusieurs membres du gouvernement, du secrétaire général de l'UGTA et de nombreux gestionnaires d'entreprises publiques, la campagne “Consommons national”. C'est que le Forum des chefs d'entreprise est convaincu que, devant l'accélération du processus d'ouverture commerciale, la défense de la production nationale et la valorisation de son image auprès des consommateurs algériens deviennent indispensables. “Il nous a paru nécessaire, dans un contexte marqué par les enjeux de l'insertion de notre économie dans le marché mondial, de commencer à nous mobiliser et d'attirer l'attention sur l'enjeu que représente pour toutes nos entreprises une promotion intelligente des atouts de la production nationale”, affirme Omar Ramdane, président du Forum des chefs d'entreprise dans son allocution d'ouverture. À travers cette campagne, le Forum veut sensibiliser toutes les parties concernées, consommateurs finaux mais aussi et surtout les décideurs économiques sur la nécessité qu'il y a à encourager autant que possible la consommation des produits locaux “dans le respect des règles de l'éthique commerciale et des standards de qualité”. Pour M. Omar Ramdane l'incitation à consommer national ne signifie pas “repli sur soi, protection de la rente ou refus de la concurrence”, mais plutôt promotion de l'entreprise, défense de la qualité et soutien aux investissements. Les produits locaux, malgré les progrès accomplis au cours des dernières années, en termes de qualité et de design, continuent à souffrir, aux yeux de l'opinion nationale, d'une image dégradée résultant d'une trop longue pratique des marchés administrés et monopolistes. C'est une réalité entrée dans les mœurs, “tout ce qui vient de l'étranger est de qualité même, cher”. Pourtant, sur ce plan, les entreprises algériennes, notamment privées, ont fait des efforts considérables en matière de qualité et des prix de leurs produits. En effet, beaucoup de produits locaux proposés au consommateur algérien sont de qualité et parfois bien présentés. La faiblesse des entreprises algériennes, c'est qu'elles ne savent pas vendre. Là aussi les réflexes du passé, à l'époque où le marché était fermé et que le consommateur n'avait d'autre choix que le produit local, ont la peau dure. À travers cette campagne, le Forum des chefs d'entreprise voudrait sensibiliser les algériens à acheter algérien pour, estime-t-il, “fouetter la production nationale et préserver ainsi l'emploi et renouer avec la croissance économique”. Il est vrai que l'industrie nationale, fortement concurrencée, parfois d'une manière déloyale, par les produits importés, se trouve dans une situation délicate. Des filières entières, déjà fragilisées par les multiples mesures de restructuration, sont menacées de disparition. Plusieurs entreprises ont perdu, depuis la libéralisation du commerce extérieur, des parts de marché. Certaines ne tournent qu'à 30% de leurs capacités, car elles ne trouvent pas de débouché pour leurs produits. D'un autre côté, les produits contrefaits ont inondé le marché national. Conséquence : menace de fermeture de plusieurs entreprises. Le forum des chefs d'entreprise a maintes fois mis en garde le gouvernement, à la faveur de l'ouverture des négociations avec l'omc, sur le risque de voir le tissu industriel disparaître, au cas où une mise à niveau vigoureuse et rapide ne serait pas mise en œuvre. Il a présenté plusieurs propositions au gouvernement à même de relancer la machine économique pour arriver à une croissance “forte et durable”. “Le choix de cette action d'intérêt public est inscrit dans la vocation même du forum, qui est une association ayant pour objectif, selon ses statuts, de promouvoir l'entreprise algérienne, d'élargir en permanence son champ d'activité et de stimuler son développement et son innovation au sein d'une économie moderne, ouverte et concurrentielle”, souligne M. Omar Ramdane. C'est une démarche que de nombreux pays, parmi les plus développés, ont entreprise. M. Omar ramdane cite la France avec le fameux : “nos omelettes sont nos emplois.” Le forum prône un autre slogan. Sur les affiches et autres spots publicitaires, on peut lire : “Nechri slaât bladi bech nedhmen moustaqbel ouladi”, (j'achète national pour garantir l'avenir de mes enfants). Quarante millions de dinars, semble-t-il, ont été, rappelons-le, déjà dégagés pour le financement de cette campagne confiée à une agence nationale spécialisée dans la communication, Baya Com. M. R.