"L'avenir de l'eau est dans une agriculture plus efficace", a souligné le directeur général de l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) Jacques Diouf,à l'ouverture hier de la conférence ministérielle du Forum mondial de l'eau à Istanbul. "Les millions d'agriculteurs dans le monde, qui nous fournissent la nourriture que nous consommons, doivent être au centre de tout processus de changement. Ils ont besoin d'être encouragés et guidés pour produire davantage avec moins d'eau. Cela nécessite des investissements ciblés, des mesures d'incitation et un environnement politique propice", a-t-il dit. L'agriculture est responsable de 70 % de tous les prélèvements d'eau douce de la planète, bien qu'il y ait de grosses différences selon le stade de développement des pays. Cela est compréhensible quand on sait que l'eau est un élément fondamental de la nourriture. Il ne faut que deux à trois litres d'eau pour satisfaire les besoins quotidiens en eau potable d'un être humain, mais environ 3 000 litres pour obtenir de quoi nourrir une personne pendant 24 heures. "Il incombe à l'agriculture la responsabilité première de satisfaire la demande actuelle et future de nourriture, mais aussi de gérer les impacts de la production sur l'environnement", a ajouté Jacques Diouf. Et d'ajouter que la faim croissante dans le monde, avec près d'un milliard d'êtres humains (soit 15 pour cent de la population mondiale) n'ayant pas assez à manger, pourrait s'aggraver si "des décisions courageuses ne sont pas prises et des mesures concrètes ne sont pas mises en place d'urgence". Le monde est confronté à des changements rapides sans précédent, à commencer par la croissance démographique, les migrations, l'urbanisation, le changement climatique, la désertification, la sécheresse, la dégradation des terres et des modifications importantes des habitudes alimentaires. Le rôle de l'agriculture aujourd'hui est double : combler le déficit entre l'offre et la demande, aussi bien à court terme qu'à long terme, et prévenir les chocs futurs en renforçant la résilience des plus vulnérables et en atténuant les impacts sur l'environnement. Jacques Diouf a appelé à un "new deal" agricole qui intègre le rôle fondamental de ce secteur dans le développement humain et renforce la gouvernance mondiale de la sécurité alimentaire. "C'est en investissant dans une agriculture productive durable basée sur une bonne gestion de l'eau que nous pourrons satisfaire nos besoins alimentaires et énergétiques tout en sauvegardant les ressources naturelles dont dépend notre avenir", a-t-il affirmé. En conclusion, le premier responsable de la FAO a formulé l'espoir que le 5e Forum mondial de l'eau lance un "appel à la communauté internationale pour garantir les investissements urgents requis dans les infrastructures hydriques des pays en développement, et pour une meilleure gestion des ressources en eau afin de répondre aux besoins fondamentaux de l'homme et assurer des moyens d'existence productifs aux générations futures. " Dalila B.