L'idée d'organiser, prochainement, un sommet mondial sur la sécurité alimentaire a mûri. Les chefs de gouvernement des pays de la Communauté des Caraïbes (Caricom), ainsi que le Président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva, et la Présidente du Chili, Michelle Bachelet, ont exprimé leur soutien à cette proposition émanant du directeur général de l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Jacques Diouf. Le Brésil est un Etat émergeant qui a son poids. Le sommet en question est prévu en novembre prochain, à Rome à l'occasion de la 36e session de la Conférence de l'organisation. L'annonce en a été faite à la suite de la récente visite de Jacques Diouf au Chili et au Brésil, où il a eu des entretiens séparés avec les présidents Bachelet et Lula, puis au Bélize où il a pris part à la 20e réunion inter-sessions de la Conférence des chefs de gouvernement de la Communauté des Caraïbes Le 13 mars, les chefs de gouvernement de la Caricom ont délibéré au sujet du sommet et exprimé leur soutien total à cette proposition. Celle-ci a déjà reçu le soutien des chefs d'Etat et de gouvernement de la Ligue des Etats arabes lors du sommet économique et social arabe, qui s'était tenu à Kuwait en janvier dernier. Elle a également reçu le soutien de l'Union africaine, lors de la 12e session ordinaire de l'assemblée de cette organisation en février dernier à Addis Abeba. Plusieurs autres chefs d'Etat et de gouvernement ont promis leur soutien et leur participation au Sommet mondial sur la sécurité alimentaire prévu pour novembre prochain à Rome. Le directeur général de la FAO a souligné que le but du sommet sera d'obtenir des résultats tangibles en recueillant un large consensus pour l'éradication rapide et totale de la faim et la mise en place d'un nouvel ordre alimentaire mondial. "Le sommet devra déboucher sur plus de cohérence dans la gouvernance de la sécurité alimentaire mondiale. Il définira la manière d'améliorer les politiques et les aspects structurels du système agricole international grâce à des solutions politiques, financières et techniques durables au problème de l'insécurité alimentaire dans le monde", a-t-il indiqué. La situation de l'insécurité alimentaire mondiale est insupportable. Selon un récent rapport de la FAO, le nombre total de sous-alimentés dans le monde a atteint 963 millions en 2008, soit près d'un milliard d'êtres humains ou encore 15 % de la population du monde. A moins que des décisions urgentes et des mesures drastiques ne soient prises, la crise économique et financière actuelle pourrait plonger un nombre encore plus grand de personnes dans les affres de la faim et de la pauvreté. A plusieurs reprises, le directeur général de la FAO a lancé des appels à la communauté internationale afin de prendre des mesures à la hauteur de ses promesses relatives à la lutte contre la faim, en élaborant notamment un nouvel ordre agricole mondial et en mobilisant 30 milliards de dollars par an pour investir dans les infrastructures rurales et stimuler la production et la productivité de l'agriculture dans les pays en développement. Il est donc essentiel de mettre sur pied un nouveau système de gouvernance de la sécurité alimentaire mondiale, suite à l'échec du système actuel. "Nous devons avoir l'intelligence et l'imagination de concevoir des politiques de développement agricole, ainsi que des règles et mécanismes assurant un commerce international non seulement libre mais également équitable et offrir aux agriculteurs des pays développés comme à ceux des pays en développement la possibilité de gagner dignement leur vie", a souligné Jacques Diouf. En effet, pour maintenir leurs activités rurales, les agriculteurs des pays développés, comme ceux des pays en développement, devraient avoir des revenus comparables à ceux de leurs concitoyens employés dans les secteurs secondaire et tertiaire. Dalila B.