"Sur les douze cimenteries que compte le secteur public, une seule cimenterie est actuellement à l'arrêt pour travaux de maintenance préventive. II s'agit de la cimenterie de Meftah, dont le redémarrage est prévu courant première semaine du mois d'avril prochain. Malgré cet arrêt, les expéditions de ciment ont continué à s'effectuer normalement à partir des stocks de ciment existants au niveau de cette cimenterie ". C'est en ces termes, que le président du Directoire de la Société de Gestion des Participations Industrie des Ciments(SGP-GICA), a voulu mettre fin aux rumeurs concernant la flambée des prix du ciment qui, soi-disant, a triplé ces dernières semaines, passant de 650 DA à 1150 DA. Dans un communiqué rectificatif, parvenu, hier, à la rédaction, suite à la publication sur notre quotidien, du 30 mars 2009, d'un article intitulé " Tension sur le marché du ciment ", le président du Directoire, a tenu à expliquer que les prix de vente du ciment, sortie usine, pratiqués par les douze cimenteries publiques, n'ont connu aucune augmentation (230 DA le sac), et ce, depuis le mois de janvier 2007 et que les entreprises de réalisation en charge d'opérations dûment contractualisées, bénéficient de la priorité d'approvisionnement au niveau de l'ensemble de ces cimenteries publiques. Le premier responsable de SGP-GICA ciment n'a pas hésité de pointer du doigt les spéculateurs qui ont, encore une fois, réussi à déjouer les règles instaurées par les pouvoirs publics, d'autant que les cimenteries n'ont, selon lui, ni les pouvoirs, ni les prérogatives pour contrôler la destination finale du ciment, une fois livré à la clientèle. Pour ce responsable, le dispositif de distribution de ciment qui a été mis en place en juillet dernier au niveau de l'ensemble des cimenteries publiques, pour remettre de l'ordre et assainir le registre clientèle, n'a pas enchanté quelques " spéculateurs ", qui ont été contraints de subir, de plein fouet, de nouveaux cahiers des charges et de nouvelles conditions d'approvisionnement. Ces nouvelles mesures, qui s'attaquent ouvertement à la spéculation, ont engendré une baisse très importante du nombre de spéculateurs au niveau national, à l'exemple de la cimenterie de Chlef (ECDE) qui, selon le président de SGP- GICA, a vu sa clientèle se réduire de 1400 clients à 600, en six mois seulement, soit presque 50%, depuis l'application du nouveau dispositif. Depuis juillet 2008, toute demande d'achat de ciment formulée par une entreprise chargée d'un programme de réalisation ne pourra, en effet, être recevable par la cimenterie que si elle remplit des conditions obligatoires fixées par les entreprises publiques de ciment. Ainsi, pour les entreprises clientes chargées d'un programme de réalisation autoroutes, barrages, logements, aéroports, ports , les cimenteries publiques leur exigent la déposition d'un contrat de réalisation et d'un état des besoins mensuels approuvé et visé par les responsables du projet, et de s'engager à informer la cimenterie pour tout arrêt de chantier. En outre, l'entreprise cliente devra déposer une copie du registre du commerce auprès du CNRC, une copie de son numéro d'identification statistique (NIS), ainsi que d'une carte fiscale portant son numéro d'article d'imposition. Concernant les revendeurs-grossistes, dont la vocation est la revente en l'état et en gros du ciment, il a été exigé non seulement une copie du registre du commerce enregistré auprès du CNRC et de leur NIS ainsi que d'une carte fiscale, mais de disposer aussi, en propriété ou en location, d'une infrastructure adaptée et autorisée, de stockage et revente, de surface couverte de 400 m² au minimum. Le revendeur grossiste doit, également, verser une avance commerciale à l'entreprise de ciment représentant 10% du montant du programme annuel contracté. Néanmoins, ce nouveau dispositif ne pourra pas, selon ce responsable, parer à lui seul à la spéculation. Ce dernier a plaidé pour une implication sérieuse de la part de tous les concernés, à savoir le ministère de l'Habitat, les pouvoirs publics, les walis, l'inspection du travail et les impôts. Le gouvernement a eu déjà à plancher sur ce problème l'année passée. Noureddine Moussa avait, de son côté, à maintes reprises brandi la menace de suspendre de toute activité toute entreprise coupable de spéculation. Une menace qui a été suivie par des sorties multipliées sur le terrain des brigades de la Gendarmerie nationale, qui consistaient à mettre fin à la spéculation qui a gagné le marché l'année dernière et qui a été à l'origine de la flambée des prix. Un marché en plein expansion Désormais, le marché du ciment est le deuxième secteur important après celui des hydrocarbures. La dynamique économique perçue actuellement sur le terrain et qui se traduit par le développement du secteur de l'habitat, de l'hydraulique et des travaux publics et ce, en application du programme d'action du gouvernement, met indubitablement en valeur ce dernier. Non seulement, il est plausible que les besoins nationaux pourraient être satisfaits, mais aussi les possibilités d'exportation sont tellement grandes, si on se réfère au potentiel existant. A en croire le président de SGP-GICA, la production de ciment du secteur public, au titre du premier trimestre de l'année 2009, est en hausse de 15% par rapport à celle du premier trimestre 2008, soit une augmentation de 300.000 tonnes. Cependant, la production devrait atteindre 18 millions de tonnes par an en 2012. A ce rythme, l'Algérie sera capable d'assurer, d'ici trois ans, selon les dires de ce responsable, une bonne partie de la production pour l'exportation. Pour cela, le gouvernement prévoit un programme d'extension de la plupart de ces cimenteries publiques. Avec un investissement total de 780 millions de dollars, le projet, piloté par le groupe des ciments de l'Est (ERCE GIC), vise à augmenter de 6 millions de tonnes supplémentaires par an les capacités de production de trois grandes cimenteries publiques : la Société des ciments de Chlef ECDE, Aïn El Kébira (Sétif), et enfin la Société des ciments de Béni Saf. Selon ce responsable, et dans le cadre du partenariat, la SGP-GICA a procédé à l'ouverture du capital social, dans une première phase, de 10% de la Société des ciments de Béni Saf (filiale du groupe ERCO) au profit du groupe Pharaon (Arabie saoudite). La Société des ciments de Zahana du même groupe a vu aussi l'ouverture de son capital à hauteur de 35% pour le compte de la société ASEC (Egypte). Dans ce même cadre, la société italienne Buzzu Unucem a contribué par 35% dans la Société des ciments de Hadjar (filiale du groupe ERCE) et dans celle des ciments de Sour El Ghozlane avec le même taux. Le groupe ERCE est, également, en phase de sélection d'un partenaire étranger pour la construction "clés en main" d'une nouvelle ligne de production d'une capacité de 6000 tonnes par jour, soit 2,2 millions de tonnes par an. Celle de Béni Saf et de Aïn El Kébira ont lancé récemment des appels d'offres internationaux . Ces extensions devraient être réalisées d'ici à 2012 via trois nouvelles lignes de production installées dans ces cimenteries. Comme le constate le premier responsable de SGP-GICA, des perspectives prometteuses s'ouvrent au secteur à l'avenir. Ce qui met en évidence l'éventuelle question de l'exportation. " Il suffit d'exploiter au maximum les ressources et de mettre la gestion des cimenteries au diapason de l'évolution et de la modernité pour que le secteur s'ouvre à l'exportation", conclut ce responsable. Adnane Cherih