Hier encore, le dossier des OPGI a été au centre des interrogatoires au tribunal de Bilda. C'est ainsi que M. Mohamed El Hadi Bousseboula, DG de l'OPGI de Tamanrasset, est passé à la barre. Ce dernier dira que "l'office a déposé près de 85 milliards de centimes en 2000, à l'agence Khalifa Bank des Abattoirs ainsi qu'à l'agence du Hamiz pour un taux d'intérêt de 10,25%. Cette somme n'a jamais été récupérée". Par la suite la présidente de l'audience, Mme Fatiha Brahimi, a appelé à la barre, M. Djelloul Belouda, DG de l'OPGI de Sidi Bel-Abbes. Le témoin indiquera que son organisme a procédé à "deux placements en 1999 et 2003, d'un montant global de 66 millions de dinars. Une somme qui n'a jamais été récupérée". Pour sa part, M. Ferhat Boubiet, DG de l'OPGI de Tizi Ouzou, a indiqué avoir "fait un dépôt à terme de 300 millions de DA en 2001 pour un taux d'intérêt de 12%". Sur ce, le procureur général lui demande s'il a loué des locaux de l'OPGI à la banque Khalifa. "C'est M. Harfouch, secrétaire général de la wilaya de Tizi Ouzou qui m'a appelé pour louer ces locaux, mais ils étaient loué à Air Algérie, alors je lui ai proposé mes locaux personnels et c'est ainsi que M. Chachoua Noureddine est venu pour visiter les locaux et on s'est entendu sur le montant de 72 millions de centimes pour un bail de 3 ans qu'il a payé cash lors de la signature du contrat chez le notaire", rétorque le témoin. Par la suite, la présidente appellera à la barre M. Abdellah Boulfred, PDG d'une société de production de bière à Oran, accusé de corruption, abus de pouvoir et perception illicite d'avantage. Celui-ci dira qu'il était "en février 2000, date du dépôt à terme (DAT) à El-Khalifa Bank, directeur général, gérant de l'entreprise en question. On a fait un dépôt de 9 milliards de centimes à El-Khalifa Bank contre un taux d'intérêt de 8.5 % pour une année". Et d'ajouter que "lors de la fin du DAT, on a récupéré l'argent et on l'a redéposé à la Badr". La magistrate lui demande, à cet effet, s'il a bénéficié d'une commission de l'ordre de 100 000 DA. "Non, Mme la présidente, jamais, et j'ai pris connaissance de ces commissions lors de l'interrogatoire à la gendarmerie, mais j'ai, en revanche bénéficié de cartes de voyage gratuits en tant que DG d'entreprise", répondra-t-il. D'un autre côté, le procureur général lui demande quelle était la date du dernier dépôt. L'accusé dira que c'était "le 9 décembre 2002 pour un DAT d'une année, et en mars 2003 on a fait des écritures pour récupérer notre argent". C'est ainsi que Mme Brahimi appela M. Thabet Hamid, chef de service Marketing au sein de la même entreprise, accusé de corruption, abus de pouvoir et perception illicite d'avantage. La magistrate l'interrogera en premier lieu sur le fait de trouver son nom dans des écritures comptables à l'agence d'Oran qui indiquent qu'il a touché une commission de 100 000DA. "Je n'en sais rien Mme la présidente", rétorque l'accusé. De son côté, M. Tlemçani Mohamed Abbes, directeur de l'agence foncière de Ain Temouchent travaillant sous la tutelle des collectivités locales, inculpé pour perception illicite d'avantage, dira qu'ils "avaient des placements à la BDL ainsi qu'à la Badr et au CPA. Le 12 mars 2002, Ghers Hakim s'est déplacé chez notre chef de service financier et lui a proposé un taux d'intérêt de 9.5% contre un dépôt de 100 millions de DA fractionné en 10 fois". La magistrate l'interrogea sur le statut qu'avait M. Ghers lors des négociations. "Il s'est présenté comme directeur de l'agence d'Oran et il était habilité à décider sur place des mesures à prendre sans demander à personne", indiquera-t-il. C'est ainsi que la magistrate lui demande s'il a touché une commission de 150 millions de centimes lors du dépôt. "Non, Mme la présidente, je n'ai jamais bénéficié de quoi que ce soit venant de la banque Khalifa", répondra simplement l'accusé. Par ailleurs Ghers Hakim a été rappelé à la barre pour justifier les écrits bancaires prévoyant un taux d'intérêt de 11,5 % pour les dépôts de l'agence foncière alors que le contrat signé par le notaire prévoyait un taux de 9,5 %. Celui-ci indiquera que la commission de de 150 millions de centimes versée lors du dépôt a été adressée à la direction générale disculpant directeur de l'agence foncière de Ain Temouchent et ouvrant la voie à la possibilité que certains DG d'OPGI n'aient pas touché de commissions. Des réductions sur les billets d'avion, des Master Cards et des cartes de gratuité pour charmer… La séance de l'après-midi a été consacrée, entre autres, à Farid Benameur accusé de corruption et abus de pouvoir. Les faits remontent au moment où ce dernier était directeur de la commission nationale des œuvres sociales auprès de l'Union nationale des travailleurs de l'éducation. L'accusé a, en effet, donné son accord en octobre 2000 pour le placement d'une somme d'argent estimée à 500 millions de dinars à la banque Khalifa. Cette somme qui provenait des cotisations des employés était placée à la BEA, la BNA et au CCP avant d'être transférée à la banque Khalifa sous l'influence de Aziz Djamel ex-chef d'agence d'El Harrach. Ce dernier a tenu à rencontrer ledit accusé dans l'objectif de le convaincre de placer les fonds à El Khalifa Bank pour un taux d'intérêt de 12%. Chose qui a été faite sans difficulté, puisqu'en contrepartie les employés de l'union ont bénéficié d'une réduction de 50% sur les billets d'avion de Khalifa Airways, alors que l'accusé, à lui seul, a bénéficié d'une carte de gratuité pour ses déplacements à l'intérieur et à l'extérieur du pays ainsi que de quatre Master Cards. Toutefois, l'accusé a souligné qu'"en mars 2003 j'ai fait une écriture pour tenter de récupérer l'argent mais sans succès. La commission a perdu toute la somme déposée à Khalifa Bank" a-t-il dit. Le second accusé à passer à la barre est Mohamed Tchoulab, ex-président de la mutuelle des travailleurs de la poste et des télécommunications. Celui-ci a permis un dépôt à terme de 8 milliards de centimes dans la banque Khalifa, pour une durée de 10 ans, avec un taux d'intérêt de 12%, alors que cet argent était placé au CPA pour un intérêt plus avantageux (21%), mais que faire devant la tentation des contreparties offertes par le groupe Khalifa. La mutuelle a donc bénéficié d'une voiture. L'accusé a précisé que "la voiture rentrait dans le cadre de l'accompagnement". L'accusé, quant à lui, a reçu une carte de gratuité pour lui et les membres de sa famille.