Après avoir passé en revue les conditions dans lesquelles El-Khalifa Bank a été créée, la situation dans la caisse principale et dans les différentes agences ainsi que le dossier des caisses sociales, le procès Khalifa a entamé, hier, sa 5e semaine avec l'ouverture du dossier des OPGI avec l'interrogatoire de plusieurs accusés. C'est ainsi que M. Benbachir Barkat, ex-directeur administratif et financier au sein de l'OPGI de Relizane, accusé de corruption et abus de pouvoir est passé, hier matin, à la barre. Ce dernier dira qu'avant son transfert à El-Khalifa Bank, l'argent de leur établissement était placé dans des banques publiques comme la BDL de Relizane. La présidente de l'audience, Mme Fatiha Brahimi, interrogera par la suite l'accusé sur les raisons qui ont poussé l'OPGI de Relizane à faire un placement à El-Khalifa Bank d'Oran, alors qu'elle disposait d'une agence à Relizane. "On a entendu dire que des représentants de la banque Khalifa se sont déplacés à Relizane pour inciter quelques sociétés à déposer leur argent à El Khalifa Bank contre un taux d'intérêt avantageux" répondra-t-il, avant d'ajouter que "c'est ainsi qu'on a fait un dépôt à terme d'un an de 80 millions de dinars pour un taux d'intérêt de 10,25 %, et c'est M. Bacha Said, DG de l'établissement qui a signé la convention avec M. Ghers Hakim, directeur de l'agence d'Oran". Sur ce, Mme la présidente l'interrogera sur le rôle que joue le Conseil d'administration. "Il n'y avait pas de Conseil d'administration à ce moment Mme la présidente, c'est-à-dire entre mars et juin 2000". Mais la magistrate précisera que puisque le dépôt a été fait en juillet le placement s'est fait sans l'accord du conseil. L'accusé rétorquera que "le directeur avait le droit de placer l'argent, et c'était une opportunité commerciale". Mme Brahimi lui demande s'il a touché une commission pour ce placement. "Non, Mme la présidente", dira l'accusé. Par la suite, le tribunal a appelé à la barre M. Benseta Ali, accusé lui aussi de corruption et abus de pouvoir. Ce dernier a occupé le poste de comptable au sein de l'OPGI de Relizane. L'accusé dira que l'entreprise où il travaillait " avait de l'argent à la BDL et au CPA, avant de faire un placement à El Khalifa Bank de l'ordre de 30 millions de dinars". La magistrate saisira l'occasion pour lui demander qui a décidé du montant à déposer. "C'est l'unité qui a le statut financier et au directoire de prendre la décision". La présidente l'informera qu'elle a en sa possession un document qui prouve que lors du deuxième dépôt de l'OPGI, le 12 novembre 2000, El Khalifa Bank a payé une commission de l'ordre de 300 000 DA représentant un pourcentage de 1%. L'accusé niera avoir bénéficié d'un quelconque avantage. De son côté, M. Hamid Ouai, directeur d'unité à l'OPGI de Relizane, inculpé pour les mêmes griefs, avouera avoir signé avec le comptable un ordre pour le placement de 30 millions de dinars à El Khalifa Bank. C'est ainsi que le procureur général l'interrogera sur les raisons qui les ont poussés à placer l'argent à l'agence d'Oran alors qu'il y a une agence Khalifa Bank à Relizane. "On a suivi les instructions du DG", répondra l'accusé. C'est à ce moment là que la présidente appellera M. Bacha Said, DG de l'OPGI de Relizane, accusé de corruption et abus de pouvoir. Celui-ci dira avoir "reçu dans mon bureau deux représentants d'El-Khalifa Bank dont les noms m'échappent. Ils m'ont proposé un taux d'intérêt intéressant de 10,25% contre un placement dans leur banque". Le tribunal lui rappellera qu'il a pris cette décision sans l'autorisation préalable du conseil d'administration. "Le décret 93-08 donne au DG une certaine autonomie financière", rétorqua l'accusé, avant d'ajouter que "c'est un simple placement pour fructifier nos revenus". La magistrate lui demandera s'il a informé le ministère de tutelle pour ces dépôts. M. Bacha souligne que " oui, mensuellement. Tous les OPGI ont fait des placements à la banque Khalifa, ce qui nous a encouragé". Dans le même contexte, l'accusé nie avoir touché une commission de l'agence Khalifa Bank d'Oran. D'un autre côté, Mme Brahimi a appelé M. Nouredine Boussedra, directeur financier et de la comptabilité de l'OPGI d'Oran. Celui-ci dira que "l'office avait placé son argent à la BDL et au CPA, et puis la décision a été prise de faire un premier dépôt de l'ordre de 420 millions de dinars le 26 février 2001 à El-Khalifa Bank pour un taux d'intérêt de 12% et c'est M. Kheireddine El Walid DG de l'OPGI d'Oran qui a signé à la convention avec M. Ghers Hakim". Contre toute attente, le témoin a déclaré avoir reçu "des correspondances ministérielles qui encourage les OPGI à faire des dépôts dans des banques privées". La présidente lui demande s'il a reçu des représentants de la banque Khalifa. "Oui, Mme la présidente ; M. Keched Belaid ainsi que M. Ighil Meziane qui nous ont proposé leur services". Il souligne également qu'ils ont fait un deuxième dépôt à terme de 3 mois d'un montant de 600 millions de dinars. Dans le même conteste, la présidente l'interroge s'il a bénéficié d'une commission de 5 millions de dinars pour ce placement, chose l'accusé niera. Dans l'après-midi, M. Kheireddine El-Walid, DG de l'AADL, accusé de corruption et d'abus de pouvoir a été interrogé par le tribunal. Celui-ci occupait le poste de de DG de l'OPGI d'Oran au moment des faits. Auparavant, il avait géré les OPGI de M'sila, Aïn Témouchent et Constantine. L'accusé dira qu'il a reçu deux représentants d'El Khalifa Bank, Kechad Bélaïd et Ighil Meziane, qui lui ont proposé des taux d'intérêts très intéressants. C'est ainsi qu'il a effectué un dépôt de 100 milliards de centimes à terme en 2001 pour un taux d'intérêt de 12% et ce, après avoir obtenu l'accord du conseil d'administration. Par la suite, le DG de l'OPGI de Ain Temouchent . M. Miloudi Benyoucef, inculpé pour les mêmes griefs, a été appelé à la barre. Celui-ci dira qu'il effectué un premier dépôt à terme de l'ordre de 100 millions de dinars en avril 2001. Il ajoutera qu'il a effectué deux dépôts en juillet 2002, le premier d'un montant de 500 000 dinars et le second d'un montant de 5 milliards de centimes. L'accusé indiquera, par la suite, avoir tenté de récupérer les fonds à travers des correspondances qu'il a envoyées à la banque, mais sans résultat. Enfin, c'est le DG adjoint de l'OPGI de Constantine, M. Ahmed Benchefa, accusé de corruption et abus de pouvoir qui a clôturé la séance avec son témoignage. Il indiquera avoir fait 5 dépôt à terme, le premier d'une valeur de 142 milliards de centimes, en date du 17 février 2002 pour taux d'intérêt de 10 %. Par la suite, la convention a été renouvelée pour un taux d'intérêts de 13,5 %. Il avouera avoir bénéficié d'un crédit de 5 millions de dinars pour l'achat d'un lot terrain, tout en insistant sur le fait que tout était en règle. Il faut dire que tous les DG des OPGI ont nié d'avoir encaissé des commissions pour les dépôts. Le tribunal, quant à lui, dispose de documents prouvant que la plupart d'entre eux ont encaissé des commissions d'une valeur de 500 000 DA pour chaque dépôt. C'est ainsi qu' Ahmed Benchefa a cumulé 2,5 millions de dinars de commissions à lui seul.