Valeur refuge ayant joué les premiers rôle sur le marché des semaines durant, l'or a plongé à son niveau le plus bas depuis dix semaines, frappé par un retour sur les marchés de l'appétit pour des actifs plus risqués. "Les prix de l'or sont tombés sous la barre des 900 dollars l'once après le communiqué du G20 la semaine dernière" et leur déclin s'est aggravé, a ajouté Jeffrey Currie, analyste de la banque Goldman Sachs. Les pays du G20 se sont mis d'accord jeudi dernier pour que le Fonds monétaire international (FMI) vende des réserves d'or pour aider les pays pauvres. Le prix de l'or, qui avait chuté à 894 dollars après cette annonce, ont donc poursuivi son déclin cette semaine. Il a atteint 865 dollars lundi, un plus bas depuis fin janvier. Malgré ce net mouvement de recul, le prix de l'or pourrait facilement dépasser 1.000 dollars l'once et menace même de franchir le seuil de 1.100 dollars dans les prochains mois, en raison des menaces d'inflation liées aux politiques monétaires et fiscales, estime le cabinet spécialisé GFMS. "Les raisons pour lesquelles les investisseurs se portent vers l'or n'ont pas changé et les flux d'investissements devraient reprendre", juge lui aussi John Reade, analyste chez UBS. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a fini à 880,50 dollars vendredi au fixing du soir, contre 905 une semaine plus tôt. L'once d'argent a baissé dans le sillage de l'or et a clôturé à 12,30 dollars contre 12,68 dollars sept jours plus tôt. Pour leur part, les métaux platinoïdes n'ont pas été affectés par le déclin de l'or et ils ont, au contraire, continué une ascension nourrie par des achats de fonds d'investissement. "Les métaux du groupe platine ont été une fois encore les plus performants, et la demande des investisseurs les a poussés à des plus hauts depuis plusieurs mois", a constaté James Moore, du cabinet Bullion Desk. Le platine a atteint 1.188 dollars l'once jeudi, son niveau le plus haut depuis fin septembre. Le palladium a quant à lui grimpé jusqu'à 239 dollars l'once, un plus haut depuis la mi-novembre. Frappé par la crise financière et la débâcle du secteur automobile, son principal client, le prix du platine s'était effondré à 744 dollars fin octobre. Il a depuis regagné plus de la moitié de sa valeur. En ce qui concerne les métaux de base du London Metal Exchange (LME), ces derniers ont encore fortement progressé cette semaine, galvanisés par des achats en provenance de Chine et par l'espoir que le pire de la récession est passé, mais nombre d'analystes estiment que cette ascension repose sur des bases fragiles. Cuivre, aluminium, zinc et nickel ont bondi à des niveaux qui n'avaient plus été observés depuis des mois. La semaine est écourtée car le marché sera fermé vendredi, férié au Royaume-Uni. "C'est la demande chinoise de métaux en Chine, liée à du restockage à la fois par les consommateurs et par l'Etat, qui mène les prix", estime William Adams, du cabinet BaseMetals. Les analystes craignent toutefois que cela ne soit qu'un feu de paille, car les stocks s'empilent et que, pour certains métaux, l'excédent de production continue à s'aggraver. Selon M. Adams, les propos lucides du Premier ministre britannique Winston Churchill en 1942, quand le vent semblait tourner au profit des Alliés, pourraient bien s'appliquer à la crise: "Ce n'est pas la fin. Ce n'est pas le début de la fin. Mais, c'est peut-être la fin du début". Le CUIVRE, chef de file des métaux, a terminé sur un gain de 7,6%, après une incursion à 4 459 dollars, son niveau le plus élevé depuis fin octobre. Depuis le 1er janvier, le métal rouge a repris 47% de sa valeur. Mais les analystes de Barclays Capital ont souligné le pessimisme des principaux acteurs du marché du cuivre qui participaient la semaine dernière au Cesco, principal rendez-vous annuel de l'industrie, à Santiago (Chili). "Selon l'opinion dominante, les prix du cuivre ont été guidés par plusieurs facteurs, combinant des achats par la Chine pour constituer des réserves d'Etat, une offre très faible de métal recyclé, et une amélioration du climat sur les marchés financiers; mais on ne peut compter sur aucun d'eux pour offrir un soutien autre que temporaire aux cours", ont-ils expliqué. R.T.M.