La fébrilité ayant caractérisé les marchés de matières premières ces derniers semble avoir laissé place à la monotonie. Sur fond de crise et de baisse de la demande, les cours des matières premières baissent. Néanmoins, la semaine qui vient de s'écouler a été celle d'une légère reprise. Ainsi, les prix des métaux échangés au London Metal Exchange (LME) ont légèrement rebondi, emmenés par le cuivre, lui-même soutenu par une hausse des importations chinoises et par l'espoir que les autorités américaines parviennent à stabiliser le système financier. "Les prix se sont renforcés sur le marché des métaux, l'humeur des opérateurs ayant remonté après que (le président de la Réserve fédérale) Ben Bernanke eut indiqué que le gouvernement n'avait pas l'intention de nationaliser les grandes banques", ont commenté les analystes de la banque Barclays Capital. M. Bernanke s'est dit persuadé que les problèmes des banques pouvaient être résolus dans le cadre des interventions actuelles, rassurant les investisseurs. Le CUIVRE, chef de file des métaux, a inscrit la meilleure performance du groupe, achevant la semaine en hausse de près de 8%. Il a même bondi jeudi jusqu'à 3540 dollars, un plus haut depuis deux semaines, à la faveur des espoirs de relance économique aux Etats-Unis et de fortes importations chinoises. Le cuivre s'échange actuellement "en hausse quand les actifs risqués comme les actions et les monnaies des pays émergents se raffermissent", a observé John Reade, analyste de la banque UBS. Le métal a profité aussi d'une forte hausse des importations chinoises, favorisées par les prix plus bas du LME que ceux du marché intérieur chinois. "La bonne tenue des cours du cuivre (depuis le début de l'année) est en partie le résultat de fortes importations en Chine", elles-mêmes liées au fait que le Bureau des réserves d'Etat (SRB) chinois augmente ses stocks de métal rouge, ont observé ainsi les analystes de Deutsche Bank, tout en soulignant que cela ne présageait pas pour autant d'une reprise de la demande. "A court terme, la demande devrait rester très faible, mais les réductions d'offre des producteurs devraient soutenir les cours", a toutefois estimé Dan Smith, analyste de la banque Standard Chartered. Enfin, une modeste baisse des stocks au LME, de 3000 tonnes, révélée jeudi, a participé à la fermeté des prix, bien que le niveau de ces réserves reste historiquement élevé. L'ALUMINIUM, tombé la semaine dernière à 1300 dollars, un plus bas depuis novembre 2001, s'est un peu repris cette semaine, dans le sillage du cuivre, malgré la progression sans relâche des stocks. "Les prix de l'aluminium se sont améliorés à l'unisson de ceux du cuivre", ont commenté les analystes de Deutsche Bank. "Cependant, la hausse des stocks au London Metal Exchange se poursuit et ils ont atteint un nouveau record historique", ont-ils observé. La production mondiale s'est, quant à elle, légèrement tassée en janvier, à 3028 millions de tonnes contre 3076 millions de tonnes en décembre, selon l'Institut international de l'aluminium (IAI). Le ZINC a gagné un soupçon de terrain. Pour Michael Widmer, analyste chez BNP Paribas, l'équilibre du marché est en train de resserrer, ce qui pourrait déclencher un rebond des prix fin 2009. "Il est très probable que la production réduite des mines ne limite l'offre de métal raffiné, ce qui devrait resserrer l'équilibre offre-demande quand la consommation repartira", a-t-il jugé. Pour les métaux précieux, c'est une situation paradoxale qui prévaut. Valeur refuge en temps de crise, l'or semble ne plus susciter autant d'engouement cette semaine. Dans son repli, le métal jaune a entraîné l'argent et les platinoïdes. L'or, valeur vedette depuis le début de l'année, a perdu de son allant cette semaine et fini en baisse de 5%, frappé par une désaffection des fonds spécialisés ETF (exchange traded funds) et par le soupçon, dans la communauté des analystes, que sa récente ascension était surfaite. Après avoir repassé brièvement vendredi dernier le seuil de 1000 dollars l'once, le métal jaune a perdu jusqu'à 5,8% cette semaine, tombant jusqu'à 932 dollars jeudi. "Comme le goût du risque a augmenté cette semaine, les investisseurs des fonds ETF ont été absents", a remarqué James Moore, du cabinet Bullion Desk. L'ascension récente de l'or depuis le début de l'année s'était faite au profit des craintes économiques, lesquelles se sont un peu atténuées cette semaine, notamment après les discours jugés rassurants du président de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke et du président américain Barack Obama. L'once d'argent, qui s'était envolée à un plus haut depuis six mois vendredi dernier, a subi elle aussi un net décrochage cette semaine, accompagnant le repli de l'or. Dopé par l'ascension de l'or, l'argent s'était envolé vendredi dernier à 14,64 dollars, un plus haut depuis août 2008. Le platine et le palladium ont eux aussi souffert du retrait de l'or, quoique de façon moins prononcée. Le platine a réussi à se maintenir au-dessus du seuil symbolique de 1000 dollars l'once, tandis que le palladium, lui, repassait sous la barre des 200 dollars. Elément de nature à peser sur les cours, l'état dramatique du secteur automobile a été confirmé par l'annonce d'une chute record de la production automobile au Japon en janvier, de 41% sur un an. Synthèse R.T.M.