Déconnecté de ses fondamentaux, le cours du baril arrive tant bien que mal à se stabiliser. Sur fond de faiblesse de la demande, le prix du baril de pétrole ne trouve pour soutien que la vigueur des marchés financiers. C'est ainsi que les prix du pétrole ont ouvert en hausse, hier, à New York, dans un marché qui se cherche un élan, tourné vers les marchés boursiers pour une indication. Vers 13H10 GMT (15H10 HEC), sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en mai s'échangeait à 50,88 dollars, en progression de 98 cents par rapport à son cours de clôture de jeudi. "Les prix rebondissent un peu après avoir été faibles en début de semaine, trouvant un peu de soutien dans la perspective d'une ouverture en hausse de la Bourse", a indiqué Ellis Eckland, analyste indépendant. Le contrat de référence tournait ainsi autour des 50 dollars. "En quelque sorte, le marché du pétrole n'est pas le plus performant, par rapport à la hausse de Wall Street, et ceci à cause des stocks", a estimé M. Eckland. Le niveau des réserves aux Etats-Unis pèsent sur les prix du pétrole échangé à New York. Mercredi, le rapport du département à l'Energie avait montré que les stocks de brut avaient encore largement progressé, de 5,6 millions de barils, au cours de la semaine écoulée. Le pétrole new-yorkais affichait ainsi un déficit de plus de 2,50 dollars avec le Brent de Londres. La hausse du dollar, revenu à 1,3045 dollar pour un euro, refroidissait également les investisseurs, renchérissant les prix du pétrole pour ceux munis d'autres devises. Le marché de l'or noir se cherchait un élan, après avoir affiché la veille une évolution dans une amplitude très restreinte, de 1,37 dollar, "la plus petite fourchette d'échanges depuis la mi-octobre 2007", ont relevé les analystes de Barclays Capital. "Le pétrole a évolué dans une fourchette limitée ces deux dernières semaines, accroché à une marge entre 49 et 53 dollars sur la période", a noté de son côté Michael Bratus, du site de Moody's Economy.com. Jeudi, les cours du brut ont inscrit un léger rebond soutenus par la dégradation de la situation au Nigeria, malgré la hausse surprise, la veille, des stocks hebdomadaires américains. Le brut continue de suivre les Bourses plutôt que les fondamentaux, observaient les analystes. Ceux de Barclays Capital soulignaient en outre la baisse de la production norvégienne, en baisse de 1% en mars par rapport à l'année dernière. La Norvège est le deuxième exportateur hors Opep, derrière la Russie. Le brut conservait ses gains en raison de fortes inquiétudes sur la production au Nigeria où de nouveaux incidents ont soutenu les prix de l'or noir. La compagnie pétrolière anglo-néerlandaise Shell a déclaré l'état de force majeure suite à l'incendie d'un oléoduc dans le sud du pays, une mesure entraînant la non-garantie des livraisons. La clause de "force majeure", courante dans les milieux pétroliers et déjà invoquée à plusieurs reprises par Shell au Nigeria, permet à l'industriel de suspendre ses obligations contractuelles, telles que les livraisons de pétrole et de gaz, à la suite d'événements imprévus, sans encourir de pénalités. Selon le responsable d'une multinationale opérant dans le pays, la perte de production engendrée par l'incendie s'élèverait à 180'000 barils de pétrole par jour, dont 130'000 pour Shell, 30'000 pour la multinationale française Total et 20'000 autres barils alloués à d'autres opérateurs. Synthèse S.G.