Le pétrole est repassé sous la barre des 85 dollars le baril lors de la clôture du marché new-yorkais vendredi, revenant ainsi d'un plus haut de 18 mois en raison de facteurs techniques et d'inquiétudes concernant l'état de la demande au vu du niveau élevé des stocks. Le contrat mai sur le brut léger américain a fini sur un recul de 47 cents, soit 0,55%, à 84,92 dollars le baril. Au même moment, le Brent cédait 11 cents (-0,13%) à 84,70 dollars. D'après les analystes, le fait que les stocks de brut aux Etats-Unis, premier consommateur mondial d'or noir, ont augmenté ces dix dernières semaines a empêché les cours du brut de progresser avec les Bourses mondiales alors qu'en général les deux marchés évoluent dans la même direction. L'or noir n'a pas non plus profité de la baisse du dollar alors que, de manière générale, un affaiblissement du billet vert est toujours un facteur de soutien pour le pétrole. "Les fondamentaux contraignent le brut à se déconnecter des marchés financiers", a dit Jim Ritterbusch, président de Ritterbusch & Associates. D'autres analystes expliquent la troisième séance de baisse de suite du pétrole par des raisons techniques, notant que le franchissement de la barre des 87 dollars mardi avait provoqué le mouvement de vente observé depuis trois jours. "On observe un mouvement de baisse graduel depuis la poussée à 87 dollars", a commenté Jason Schenker, de Prestige Economics. Le baril texan, référence du marché new-yorkais, avait dépassé ce seuil en séance mardi, pour la première fois depuis octobre 2008. Ce mouvement s'était effectué dans le sillage de la publication en fin de semaine dernière des chiffres mensuels de l'emploi aux Etats-Unis, les meilleurs depuis trois ans. "Le marché a reçu des indicateurs économiques importants ces dernières semaines, dont le plus important était celui de l'emploi, mais maintenant il n'y aura plus, d'ici à la fin du mois, d'indicateur important aux États-Unis qui pourrait donner de l'élan aux prix", a estimé Jason Schenker. "On pourrait voir davantage d'érosion des cours tant qu'on n'a pas plus de chiffres haussiers. Mais je ne pense pas que quoi que ce soit justifie une correction à la baisse significative. Le marché reste très optimiste vis-à-vis de l'économie", a-t-il ajouté. Les opérateurs du marché pétrolier parient que la consommation d'or noir, qui ne rebondit que faiblement aux États-Unis après plusieurs années de baisse, va repartir plus franchement à la hausse à la faveur de la reprise économique. "Les cours semblent avoir trouvé un plancher autour de 85 dollars" le baril, ont estimé les analystes de Barclays Capital. "Un mouvement durable sous les 70 dollars semble maintenant bien moins probable qu'une progression vers 90 dollars", ont-ils avancé, ajoutant cependant que "la dynamique des prix" restait "nerveuse". "La tendance évolue en fonction de tout changement dans la perception (du marché) concernant la reprise économique: hausse grâce à la confiance, baisse quand le scepticisme monte", a relevé de son côté Mike Fitzpatrick, de MF Global. "Les acheteurs doivent batailler avec la réalité, qui est que leurs actes menacent la reprise même", qui les pousse à miser sur le pétrole. Certains économistes craignent que la hausse des prix de l'énergie ne fragilise la consommation des ménages et ne plombe les comptes des entreprises, tuant dans l'oeuf la reprise. La séance de vendredi a été marquée par une volatilité des cours, en hausse en début de séance, avant de repiquer du nez. "C'est toujours la même histoire, on a des petites périodes de repli, et les acheteurs font leur retour. Les acheteurs ont été constamment récompensés quand ils ont profité de ces replis, et donc cela continue", a expliqué Tom Bentz, de BNP Paribas.