Un an après les émeutes de la faim qui ont embrasé plusieurs pays du globe, les ministres de l'Agriculture du G8 se réunissent à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 20 avril en cours dans la région de Trévise (Italie), pour un sommet élargi aux membres du G5 (Brésil, Chine, Inde, Afrique du Sud, Mexique), ainsi qu'à l'Egypte, l'Australie et l'Argentine, afin de discuter des mesures susceptibles de prévenir une aggravation de la crise alimentaire. Durant trois jours, les ministres de l'Agriculture vont devoir trouver les moyens d'action concrets et efficaces pour suivre les directives d'un rapport préparatoire à ce sommet, divulgué par le Financial Times le 7 avril dernier, qui réclame des "interventions immédiates".Même si les prix des denrées alimentaires subissent une correction par rapport à la flambée de la première moitié de 2008, il en reste néanmoins que ces prix "ont baissé moins vite voire pas du tout dans les pays en développement", comme le précise la FAO. L'organisation onusienne, qui note que les réserves de céréales sont au plus bas depuis 30 ans, estime qu'un milliard de personnes seront en situation de malnutrition ou sous-nutrition en 2009. Une proportion en augmentation malgré les engagements pris dans le cadre des Objectifs du Millénaire. Face à ce constat, et conscients des menaces - remontée des prix, spoliation des terres par les pays riches limités dans leurs capacités d'exploitation agricole, réflexes protectionnistes ou phénomènes climatiques -, qui pèsent sur les populations les plus exposées, les ministres de l'Agriculture doivent, entre autres, se pencher sur le développement de la production agricole, les moyens de réguler les marchés et de limiter la spéculation. Dans ce sens, quatre institutions financières internationales, l'AFD, la BAD, le FIDA et AGRA s'allient pour créer un Fonds d'investissement pour l'agriculture en Afrique.Réunissant l'Agence française de développement (AFD), la Banque africaine de développement (BAD), le Fonds international pour le développement de l'agriculture (FIDA) et la fondation de Kofi Annan " Alliance pour une révolution verte en Afrique " (AGRA), il lèvera dans un premier temps 200 millions d'euros avec, à terme, un objectif de 500 millions d'euros. Il s'adresse aux entreprises privées et aux coopératives déployant des stratégies d'accroissement et de diversification des productions agricoles en Afrique.De leur côté, les associations d'aide au développement profitent de l'occasion pour rappeler aux représentants des gouvernements, qui seront présents à Trévise, la nécessité de s'engager à investir durablement dans les agricultures des pays du Sud. C'est le cas de d'Oxfam France et de Agir ici et Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF) qui regrettent que les petits producteurs des pays les plus en difficulté ne soient pas représentés et prônent "la nécessité d'élaborer une solution sur le long terme", quand la FAO rappelle que seuls 10% des montants promis au développement de l'agriculture des pays en développement, lors du sommet de Rome en juin 2008, ont été dépensés, soit quelque 2,3 milliards de dollars sur les 22 milliards promis. Dépenses qui ont essentiellement concerné des aides alimentaires.La crise alimentaire qui a éclaté en 2008 a mis en lumière les faiblesses majeures de certains pays d'Afrique, en particulier ceux qui dépendent fortement des importations alimentaires. Réduisant le budget des ménages et aggravant la malnutrition infantile, cette crise a fortement exacerbé la pauvreté des pays les plus démunis. Elle a aussi souligné la vulnérabilité de l'agriculture aux changements climatiques et les impacts négatifs de l'accroissement des productions sur les ressources naturelles. Dalila T.