Réputés pour leur faible productivité et leurs longues files d'attente, les ports d'Algérie ne peuvent faire face à l'évolution du commerce, bien que 95 % du commerce international du pays soient effectués par l'intermédiaire de voies maritimes. La moyenne du temps d'attente pour un conteneur dans le port d'Alger est de 15 à 20 jours, un délai très loin des normes internationales qui sont d'un à deux jours. Ce manque d'efficacité a empêché l'Algérie de profiter pleinement du taux de 4,5 % d'augmentation annuelle du trafic maritime mondial. Ces faibles chaînes logistiques signifient, en effet, que le transport de marchandises vers l'Algérie est parmi les plus coûteux du Bassin méditerranéen. C'est dans ce contexte que la nouvelle joint-venture en charge du premier terminal à conteneurs du pays, en l'occurrence Djazair World Port, créée avec l'Entreprise portuaire d'Alger (Epal) pour exploiter une concession de 30 ans sur le terminal, est bien décidée de baisser les coûts de transit. C'est ce qu'on retient, d'ailleurs, de l'entretien qu'a accordé le directeur général de Djazair World Port, Mohamed Al Khadar, au journal de la finance africaine " Les Afriques ". Selon lui, la baisse des coûts des transits se fera progressivement, une fois que les plans d'investissements en équipements seront réalisés. "Le coût de location des moyens de manutention des privés pèsera encore de son poids, tout le temps que la nouvelle joint-venture n'aura pas encore acquis ses propres moyens, ce qui est prévu dans le business plan à partir du 6e mois. Mais pour que les coûts de transit du port d'Alger, 40% supérieurs à ceux de Tunis, entament leur longue marche vers la baisse, il faudra que tout le monde s'y mette. Les douaniers, par exemple, ne travaillent pas le week-end. Et eux ne rentrent pas dans la grille des salaires de DPW ", a estimé Al Khadar. L'étude du bureau international lancée, auparavant, par le groupe émirati, pour expliquer les coûts élevés du transit par Alger, avait démontré que l'Epal était dépourvue de portiques pour le travail sur les porte-conteneurs. Diagnostic corroboré par l'expérience du port de Béjaïa, devenu le plus compétitif du pays depuis 2005, date de signature d'un contrat de management au profit de la société de Singapour Portek, qui a apporté un portique et qui a réduit la sous-traitance extérieure. En 2004, la gestion du port a été, en effet, confiée, pour la première fois, à un opérateur privé, l'entreprise singapourienne Portek, pour une période de 20 ans. Il s'agit du premier partenariat du genre en Algérie pour créer le Terminal méditerranéen de Béjaïa (TMB). Les autorités du port de Béjaïa conservent une participation de 51 % dans la joint-venture d'une valeur de 2 millions de dollars. Le port dispose actuellement d'une capacité de 250 000 conteneurs par an et il reste le deuxième port d'Algérie après celui d'Alger, qui arrive en tête avec 500 000 conteneurs traités par an. Suivant l'exemple du port de Béjaïa, le port d'Oran est en cours d'extension. Un programme de modernisation du port d'Oran, y compris l'acquisition de biens d'équipements pour conteneurs, à savoir quatre grues de quai modernes, a été lancé, en août dernier. L'expansion du port sera mise en œuvre en deux phases. La première implique la création de 600 mètres de quais sur 24 hectares de terres conquises sur la mer pour un investissement total de 182,5 millions de dollars. Les deux nouvelles grues pour conteneurs permettraient de renforcer la capacité de chargement et de déchargement qui devrait atteindre 25 à 30 conteneurs/grue/heure (contre un taux de 5 à 7 pour le port d'Alger). Lotfi.C