Le port d'Alger est l'un des plus coûteux au monde. Le transport d'un conteneur de Grande-Bretagne vers les Etats-Unis coûte environ 280 euros alors que le coût de la même opération de France à destination d'Algérie s'élève à 600 euros, soit deux fois plus. L'attente des bateaux en rade, qui engendre des frais supplémentaires, fait du port d'Alger l'un des plus coûteux dans le bassin méditerranéen. La nouvelle joint-venture en charge du premier terminal à conteneurs du port d'Alger s'est heurtée à des résistances pour son démarrage. Mais, le cap est maintenu, assure le groupe émirati, pour sortir du système de fret le plus coûteux de la Méditerranée. Pour ce faire, Dubaï World Port, qui a obtenu une concession de 30 ans pour exploiter le terminal, compte travailler d'arrache-pied et relever le défi d'améliorer les procédures dans les plus brefs délais. Le port d'Alger est désormais opérationnel 7/7 et même les jours fériés. Le groupe émirati, qui est l'un des leaders mondiaux dans son domaine, envisage de changer les pratiques néfastes qui handicapent le bon fonctionnement du port et altèrent son efficacité qui se répercutent négativement sur le commerce extérieur qui rythme l'économie nationale. Il projette ainsi de devenir opérationnel vingt-quatre heures sur vingt-quatre sans interruption ainsi que les week-ends et les jours fériés afin d'augmenter les capacités de déchargement des containeurs (1.600 conteneurs contre 250 à 300 par jour actuellement). L'étude du bureau international avait, pour expliquer les coûts élevés du transit par Alger, ciblé la sous-traitance au privé des opérations de manutentions sur les terre-pleins et le sous-équipement de l'Epal, dépourvu de portiques pour le travail sur les porte-conteneurs. Diagnostic corroboré par l'expérience du port de Béjaïa, devenu le plus compétitif du pays depuis 2005, date de signature d'un contrat de management au profit de la société singapourienne Portek, qui a apporté un portique et a réduit la sous-traitance extérieure. Il faut dire que les dizaines de bateaux en rade au niveau du port d'Alger est, sans nul doute, l'une des images qui illustrent l'état de ralentissement de l'économie algérienne et le dysfonctionnement dans la gestion du port. Dubaï World Port ambitionne donc d'y remédier. La filiale algérienne de ce groupe s'est tracé pour objectif de ramener le temps d'attente de trois semaines actuellement à environ quatre jours d'ici la fin de l'année en cours pour assurer une meilleure fluidité dans cette activité. Mohamed Al Khadar, le jeune directeur général de Djazair Port World, ne s'inquiète pas de trouver rapidement le moyen de réduire les coûts de fret. Même si le coût de location des moyens de manutention des privés pèsera encore de son poids, tout le temps que la nouvelle joint-venture n'aura pas encore acquis ses propres moyens, ce qui est prévu dans le business plan à partir du 6e mois. Mais pour que les coûts de transit du port d'Alger - (40% supérieurs à ceux de Tunis) entament leur longue marche vers la baisse, il faudra que tout le monde s'y mette. Les douaniers, par exemple, ne travaillent pas le week-end. Sans oublier que ces derniers ne rentrent pas dans la grille des salaires de DPW. Autrement dit, la tâche ne sera pas facile pour DPW. Dalila B.