La semaine qui vient de s'écouler a été marquée par le rush pour l'exploration en mer du Nord après la mise aux enchères opérée par le gouvernement britannique. L'événement n'a pas trop retenu l'attention des médias, occupés qu'ils étaient par les effets de l'ouragan Katrina sur le marché pétrolier et l'intervention de l'Agence Internationale de l'énergie qui a demandé à ses membres au nombre de 26 d'utiliser leurs réserves stratégiques afin de pallier la rupture d'approvisionnement survenue aux Etats-Unis. La décision du gouvernement britannique s'inscrit dans une tendance mondiale qui voit la relance de l'activité exploration dans nombre de pays. La hausse des prix du pétrole et la baisse des capacités excédentaires de l'offre sur le marché ont rendu le secteur très attractif aussi bien pour les compagnies pétrolières que pour les pays qui disposent d'un potentiel. L'offshore où les coûts d'extraction sont élevés, mais aussi les petits gisements longtemps délaissés intéressent de plus en plus les acteurs de l'industrie pétrolière. Dans les grands pays consommateurs, les discours sur les économies d'énergie et les énergies renouvelables reviennent à la une. Les effets dévastateurs de l'ouragan Katrina ont montré la fragilité de la situation du secteur énergétique, y compris dans un pays aussi puissant que les Etats-Unis. L'utilisation des réserves stratégiques bien qu'elle ait servi à calmer le marché n'a pas dissipé toutes les craintes vu la marge très étroite qui existe entre la demande et l'offre sur le marché. Dans cette crise, l'Organisation des pays exportateurs (Opep) de pétrole joue un rôle de modérateur. Il est passé le temps où ses pays étaient diabolisés et où les opinions étaient dressées contre eux. Historiquement, l'Opep a eu raison de défendre un bon prix du pétrole. Et tout le monde s'accorde à dire actuellement que c'est la faiblesse du prix du pétrole durant la décennie 1990 qui a empêché le développement des investissements en amont qui aurait pu rendre disponibles de meilleures capacités excédentaires pour faire face à le demande importante qui s'est fait jour en ce début de millénaire avec le développement prodigieux de l'économie chinoise et la croissance de l'économie américaine et celle de l'Inde. Le déclin de la production de la mer du Nord a amené le gouvernement britannique à frapper un grand coup mardi en offrant lors de la 23e série le plus grand nombre de licences d'exploration pétrolière octroyées depuis plus de 40 ans. Au total, le gouvernement britannique a concédé 152 licences d'exploration de pétrole et de gaz en mer du Nord à une centaine de compagnies pétrolières. Ces licences couvrent 266 blocs d'exploration. Selon le ministre de l'Energie britannique, c'est le nombre le plus élevé de licences dans l'histoire de la mer du Nord britannique. C'est en 1964 que la mer du Nord a commencé à être explorée et le précèdent record date de 1972 qui a vu le gouvernement britannique offrir 118 licences d'exploration. Le géant américain ExxonMobil s'est vu offrir à lui seul 20 blocs, selon un communiqué de la compagnie qui a aussi noté que c'est la plus importante concession jamais accordée à une compagnie pétrolière. En plus de la demande de pétrole projetée pour les prochaines années, cet engouement pour la mer du Nord est permis en grande partie grâce aux prix actuels du pétrole et aux grands bénéfices engrangés par les compagnies pétrolières ces trois dernières années. L'offensive du gouvernement britannique s'explique, elle, par le fait que le pays est devenu importateur net alors qu'il était exportateur il y a si peu de temps. Il faut se rappeler que c'est la production de la mer du Nord qui a beaucoup concurrencé le pétrole de l'Opep et avait même contribué à faire chuter les prix du baril de pétrole à 7 dollars environ au milieu des années 1980. A l'avenir, la production de pétrole qui proviendrait de la mer du Nord pourrait avoir une très grande influence sur le marché d'ici moins d'une décennie vu le nombre record de licences octroyées et vu les réserves encore en place qui sont estimées entre 22 et 28 milliards de barils, selon le ministre de l'Energie britannique. Sur le marché pétrolier, la semaine a été marquée par l'application de la décision prise par l'Agence internationale de l'énergie d'utiliser les réserves stratégiques et la reprise progressive de l'activité pétrolière dans la région touchée par l'ouragan Katrina. Si les prix du pétrole ont fini en baisse, ils restent néanmoins nettement au-dessus des 60 dollars le baril. A New York, le brut valait entre 64 et 65 dollars le baril. Tandis qu'à Londres, le brent valait entre 63 et 64 dollars le baril.