Dans le cadre de la célébration des événements qui ont secoué l'Algérie le 8 Mai 1945, un colloque ayant pour thème "Le 8 Mai 1945 à Sétif et Guelma : histoire, qualification et déni", a été organisé, hier, à l'auditorium de l'Hôtel de ville de Paris, en France. L'un des initiateurs de ce colloque, en l'occurrence, l'historien et universitaire français Olivier Le Cour Grandmaison revient, dans cet entretien accordé récemment à l'APS sur la vocation de ce colloque et mis en évidence la nécessité de mener bataille pour la connaissance et pour la reconnaissance des crimes français commis durant la colonisation. Selon l'historien, il est nécessaire d'organiser un colloque ouvert au plus grand nombre sur ces massacres qui demeurent trop souvent méconnus du public, "concernant la connaissance précise des faits, de leur déroulement, et de la qualification politique et juridique de ces événements dramatiques", rapporte l'APS, tout en ajoutant que ce colloque a aussi une importance politique et symbolique puisque " ce colloque a lieu à la mairie de Paris, quelques jours avant les célébrations d'un autre 8 Mai 1945, synonyme de libération et de libertés retrouvées, qui n'a pas contribué à occulter ce qui s'est passé au même moment dans les départements français d'Algérie, selon la formule consacrée". A cet effet, M. Le Cour Grandmaison interprète ce colloque comme un premier pas extrêmement positif qui permettra de sortir de l'anonymat ces massacres afin qu'ils soient enfin reconnus par la mairie de Paris qui s'honorerait en faisant ce geste attendu par beaucoup d'Algériens et de Français. Interrogé sur son avis concernant l'intérêt que suscitent ces évènements à travers la parution récente de nombreux ouvrages et documentaires, l'universitaire déclare que cet intérêt pourrait être lié à l'actualité nationale et internationale et aux différentes polémiques engendrées, ces dernières années, par le vote de la loi du 23 février 2005. "Cette loi qui est toujours en vigueur, sanctionne une interprétation mensongère et apologétique de la colonisation française. On ne saurait oublier, enfin, le rôle joué par un certain nombre d'associations qui luttent depuis des années pour la reconnaissance d'un certain nombre de massacres", soulignera-t-il. Evoquant les dérives de Nicolas Sarkozy au cours de la campagne de l'élection présidentielle à Toulon en février 2007, et la loi du 23 février faisant l'apologie des "aspects positifs de la colonisation qui ont, selon lui, mené la France dans " une conjoncture aujourd'hui particulièrement régressive", M. Le Cour Grandmaison dira que "dans ce contexte, il est plus que jamais nécessaire de s'opposer à cette instrumentalisation du passé en rappelant, grâce aux travaux de tous ceux qui étudient cette période, ce que furent les réalités de la colonisation avec son cortège de massacres, de discriminations racistes juridiquement sanctionnées, d'exploitation et d'oppression terribles des "indigènes" ". "Défendre un savoir authentique, c'est-à-dire précis, documenté et rigoureux contre toutes les mythologies nationales et partisanes, tel est le rôle essentiel des universitaires dans cette conjoncture nouvelle et singulière. Bataille pour la connaissance donc mais aussi, sur un autre plan, bataille pour la reconnaissance des crimes commis au cours de la colonisation", a-t-il ajouté. Z. M