Le rôle et la situation des médias algériens à l'heure des mutations économiques ont été au centre d'une journée d'étude animée par des chercheurs et des journalistes à l'Institut de développement des ressources humaines (IDRH) d'Oran. Cette rencontre, organisée sous le thème "Les médias algériens: Questions d'économie et de service public", a pour objectif de mettre en relief l'importance de la presse algérienne à travers notamment sa contribution aux réformes économiques du pays, ont souligné les organisateurs. "Les accompagnements des médias algériens ont contribué, dans une large mesure, au développement de l'image des réformes économiques en Algérie", a estimé le directeur de l'IDRH, Mohamed Bahloul. Ce chercheur considère que la presse algérienne a accompli "avec succès", en l'espace de deux décennies, son passage du stade de la "légitimité" à celui de "la maturité et de l'efficacité" qui, aujourd'hui lui permet d'user de son pouvoir d'opinion dans le contexte des réformes et de la mondialisation. Eu égard à l'importance de sa contribution, la presse algérienne gagnerait, selon M. Bahloul, à consolider sa mission de service public en renforçant ses assises d'entreprise économique autant sur les plans de l'organisation et du management que de la (bonne) gouvernance. Cette dernière notion sera évoquée de manière récurrente au cours de cette journée d'étude, les intervenants insistant particulièrement sur la nécessité d'une redéfinition de la relation d'interdépendance entre la presse et ses partenaires tels les annonceurs. Les participants, à l'instar de Belkacem Mostefaoui, enseignant-chercheur à l'université d'Alger, estiment à cet égard que l'approche commerciale ne doit pas faire dévier le média de sa vocation fondamentale, à savoir celle d'informer, cultiver et distraire. Un autre enseignant-chercheur de l'université d'Alger, Belkacem Ahcène Djaballah, abondera dans le même sens en observant que certains hommes d'affaires ont même créé leurs propres journaux pour jouir de la "double ressource" (produit et espace publicitaire). Le journaliste Ahmed Ancer a, lui, abordé "l'impression et le financement de la presse algérienne" pour rappeler, certes, que certains titres disposent aujourd'hui de leurs propres rotatives, mais surtout pour s'interroger sur le devenir de ces équipements et, subséquemment, du support papier à l'heure de la numérisation des données. Ce dernier volet relatif à l'information via l'internet sera au centre des débats qui mettront en évidence toute l'importance des nouveaux enjeux qui se profilent à l'horizon de ces cinq prochaines années. A ce titre, plusieurs participants pensent que la reconfiguration du champ médiatique est inéluctable, d'où la nécessité pour les médias algériens d'assurer d'ores et déjà leur préparation à la nouvelle ère. Selon M. Bahloul, "ces mutations attirent notre attention tout en confortant notre optimisme car elles augurent de la réhabilitation positive, dans l'espace médiatique, de la notion de mission de service public". Cette rencontre a également porté sur "le statut des journalistes et les conventions collectives" et "les aides de l'Etat au pluralisme de la presse", thèmes proposés par Brahim Brahimi et Mazouz Rezigui, enseignants-chercheurs aux universités d'Alger et d'Oran. De son côté, le journaliste consultant Sid Ahmed Benziane a animé une conférence sur "le rôle du journalisme santé dans la lutte contre les maladies chroniques". R.R