La semaine des marchés a été mitigée pour les matières premières. Si les valeurs alimentaires ont profité d'un certain rebond, les métaux eux ont dégringolé au rythme que les espoirs de reprise économique s'estompent. Ainsi du côté des valeurs alimentaires, le sucre a joué les vedettes. Les cours du sucre ont réalisé cette semaine leur plus belle performance en trois ans à New York, marché où le café arabica s'est lui aussi illustré. Alléchés par la perspective d'un déficit de sucre important cette année, les fonds d'investissement ont emmené les cours du sucre à plus de 16 cents la livre à New York, pour la première fois depuis l'été 2006. Le marché new-yorkais a poursuivi sur sa lancée des dernières semaines et atteint 16,06 cents la livre, un plus haut depuis juillet 2006, les investisseurs pariant sur un déséquilibre important sur le marché cette année. L'Organisation internationale du sucre (ISO) qui s'attendait à un déficit de 4,9 millions de tonnes pour l'année 2008-2009, a drastiquement révisé ce chiffre vendredi, et l'estime à présent à 7,8 millions de tonne. Les cours du sucre ont profité aussi d'un bond des prix du pétrole au-dessus des 60 dollars cette semaine. La hausse du pétrole encourage l'utilisation de la canne à sucre comme biocarburant, ce qui réduit les quantités disponibles pour la production du sucre. De son côté, l'arabica de New York a poursuivi sa progression sur un marché inquiet de la rareté des approvisionnements colombiens, entraînant dans son sillage les cours du robusta de Londres. L'arabica new-yorkais a atteint 1533 dollars lundi, un plus haut depuis la mi-avril, dans la foulée du rapport mensuel de l'Organisation internationale du café (ICO). Celle-ci a souligné la chute des exportations de cafés colombiens, un facteur dopant les prix des arabicas en général. Elle estime par ailleurs que la consommation mondiale de café va rester dynamique malgré la crise et table sur une production de 127 millions de sacs (ms) pour l'année caféière 2008-2009, un chiffre inchangé. Néanmoins, les prix du cacao ont été affectés cette semaine par des craintes sur la demande se combinant à une amélioration des perspectives de récolte en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial. Selon l'Organisation internationale du cacao (ICCO), la demande de cacao va subir cette année son déclin le plus important en 50 ans à cause de la crise mondiale, a rapporté la revue Public Ledger. "Les arrivages de fèves destinées à l'export dans les ports ivoiriens ont grimpé de 17'000 tonnes au cours des deux dernières semaines, ce qui accentue la pression sur les cours", ajoutaient les analystes. Une semaine plus tôt, le cacao avait touché des plus hauts depuis plus d'un mois, à 1752 livres à Londres et 2513 dollars à New York. Pour leur part, les prix des métaux sont retombés cette semaine, frappés par une vague de pessimisme sur l'économie mondiale et le sentiment que l'euphorie des dernières semaines avait été prématurée. "L'envolée récente des prix avait été poussée par un courant de données économiques encourageantes, laissant les prix vulnérables au cas où ces données faiblissaient", rappelaient les analystes de Barclays Capital. Portés par des espoirs de reprise économique, les métaux de base avaient atteint la semaine dernière des prix plus observés depuis plusieurs mois. Or, l'optimisme du marché a été refroidi par des chiffres montrant que l'économie mondiale n'était pas encore tirée d'affaire, loin s'en faut. Entre autres douloureux rappels, les Etats-Unis ont essuyé un recul inattendu des ventes de détail aux Etats-Unis et une forte hausse des inscriptions hebdomadaires au chômage. En zone euro, la production industrielle a continué de reculer en mars, enregistrant une nouvelle baisse record sur un an. Malgré cela, les baisses de prix ont été relativement limitées. Le nickel, principal perdant de la semaine, a lâché 8%. "Dans l'ensemble, la plupart des métaux continuent à se stabiliser près des niveaux élevés atteints récemment, même dans le cas de l'aluminium, dont les stocks n'ont pas cessé de croître au London Metal Exchange (LME)", observait ainsi Andrey Kryuchenkov, du cabinet VTB Capital. R.T.M.