Depuis "La dernière image" (titre prémonitoire ?), le lauréat de la palme d'or à Cannes en 1975 pour, "Chronique des années de braise", Lakhdar Hamina, n'a tourné aucune image. Après son succés absolu de Cannes, il était question à ce que ce cinéaste qui a longtemps géré l'Oncic, (l'Office national pour le commerce et l'industrie cinématographiques) autour des années 80, fasse sur demande de Maâmar El Kadhafi, un film sur la révolution libyenne et la lutte des libyens contre le colonisateur italien moyennant un budget colossal, (on parlait à l'époque de millions de dollars). Des entretiens ont eu lieu entre les deux hommes, un texte a été ébauché, des repérages ont été faits, mais le projet de ce film en resté lettre morte. On a également cité le nom de Lakhdar Hamina qui a tout le temps refusé de tourner des films à budget misérable, pour l'éventualité de tourner, " l'émir Abdelkader ", un autre film qui sera une superproduction mixte avec un budget de 500 milliards de centimes. Mais jusque-là toujours rien ! Difficile pour un cinéaste qui a été consacré pour son œuvre historique de retourner sur les plateaux avec le risque de " rater son coup ". Mieux vaut rester dans le mythe que d'en descendre. Eh bien, selon le réalisateur qui a animé cette semaine à Annaba sur invitation du centre culturel français de cette ville, une conférence de presse, il est en train de préparer un road-movie sur " la corvée de bois." Encore une histoire de guerre, un sujet qu'il maîtrise plus que tout et qui a pour décor les silences du désert. " Je crois que c'est le dernier film que je fais sur la guerre d'Algérie " a-t-il soutenu. Selon lui " la corvée de bois " traduit une méthode d'exécution sommaire utilisée par l'armée coloniale française : les prisonniers étaient tués par des rafales dans le dos après avoir creusé leur propre tombe et après avoir été torturés. Entre " Crépuscule des ombres ", " Le bal des pantins ", le cinéaste hésite à donner son titre de cette œuvre qui meten scène, le personnage de Khaled le maquisard, et un soldat français, qui a refusé d'exécuter les ordres, fuient dans le désert. Selon le réalisateur, le scénario a été inspiré d'un fait réel qui a eu lieu du côté d'El Tarf (un parachutiste a pris la fuite avec un détenu algérien en Tunisie). Fait important, Lakhdar Hamina aborde le sujet de la repentance qui pour lui " ne se demande pas, parce qu'elle diminue celui qui la demande. La repentance ne s'offre pas non plus. C'est un acte spirituel et moral. Seul le président de la République peut, à la rigueur, l'exprimer. " Natif de Sétif, Mohamed Lakhdar Hamina commence ses études en Algérie, puis part les terminer en France. Au lycée Carnot de Cannes, il partage le pupitre du fils d'un directeur de la photo et se prend d'intérêt pour le cinéma. Appelé sous les drapeaux français en 1958, il déserte, rejoint la résistance algérienne à Tunis et c'est au maquis qu'il tourne ses premiers films. En 1959, il est envoyé par le FLN à Prague pour suivre des études à l'école de cinéma, la FAMU, où il se spécialise dans la prise de vue. Entre temps, il fait plusieurs séjours à Tunis où il tourne avec Djamel Chanderli, Yamina, La Voix du peuple et Les Fusils de la liberté. Après l'indépendance, il rassemble ses anciens collaborateurs de Tunis pour jeter les bases de ce qui va devenir l'Office des actualités algériennes dont il devient le directeur de 1963 à sa dissolution en 1974. En 1965, il tourne son premier long-métrage Le Vent des Aurès, l'odyssée d'une femme partie à la recherche de son fils emprisonné pendant la guerre, une histoire inspirée de celle de sa grand mère. L'actrice Kheltoum interprète cette "mère courage" devenue un symbole pour tous les Algériens. Couronné du Prix de la première oeuvre au festival de Cannes en 1967, Le Vent des Aurès est le premier film algérien qui consacre la présence du jeune cinéma sur la scène internationale. " Le Vent des Aurès s'organise en poème de la terre algérienne, à coup d'images larges et simples " écrivait le critique de cinéma Jean-Louis Bory. L'année suivante, il tourne Hassen Terro. D'un tout autre genre ce film emprunte à la veine comique pour pasticher la guerre d'Algérie à travers les mésaventures d'Hassen, un petit-bourgeois, qui est entraîné malgré lui dans le feu de l'action révolutionnaire. Antihéros, froussard et vantard, Hassen est interprété par Rouiched. Dans Décembre, son troisième long-métrage sorti en 1972, Lakhdar Hamina aborde la torture en s'inspirant de l'histoire de son père, mort sous les sévices. A Alger, un des responsables du FLN est arrêté par l'armée qui emploie les méthodes les plus violentes pour faire parler les prisonniers. Le recours à la torture pose un cas de conscience à un officier français. Jouant sur le champ-contre-champ, entre le torturé et son tortionnaire, dans un huis clos étouffant, Lakhdar Hamina aère son film avec des retours en arrière sur l'enfance du prisonnier qui annoncent son prochain film. Et en 1974, c'est Chronique des années de braise, grande fresque historique qui nous entraîne dans ces années d'avant l'indépendance. " Avec ce film, j'avais eu envie d'expliquer pour la première fois comment est arrivée la guerre d'Algérie. Cette révolte, qui est devenue la révolution algérienne, est non seulement contre le colonisateur, mais aussi contre la condition de l'homme ." dit Mohamed Lakhdar Hamina qui ajoute "Mon film n'est qu'une vision personnelle même s'il prend appui sur des faits précis". Mohamed Lakhdar Hamina signe ensuite deux films : Vent de sable en 1982, sur une communauté rurale isolée malmenée par une nature violente dans laquelle se mire le rapport entre les hommes dominateurs et les femmes puis La Dernière Image, en 1986. Rebouh H