La situation mondiale des pêches est critique. Si le rythme d'exploitation ne diminue pas, les eaux du globe pourraient se retrouver sans poisson d'ici un demi-siècle. Des écosystèmes marins sont exploités au-delà de leur capacité de renouvellement et des espèces comme le thon rouge sont déjà au bord de l'extinction, soulignent les spécialistes. Et on est encore loin d'une gestion durable et mondiale des stocks : les définitions de quotas de pêche font toujours l'objet d'âpres débats et les pays exploitants contournent les mesures restrictives en pêchant dans les eaux voisines. Le total des captures en mer a été, selon la FAO, Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture de 93,8 millions de tonnes en 2005. Depuis le milieu des années 80, il oscille autour des 90 millions de tonnes : 95 en 2004, 90,5 en 2003, 93,3 en 2002. Poussées par la demande, 75 % des pêcheries exploitent les ressources à la limite ou au-delà des capacités de renouvellement des écosystèmes marins. Le maintien de l'exploitation à des niveaux élevés se fait au prix d'une diversification vers d'autres espèces, comme les crevettes et les céphalopodes (calamars, sèches, pieuvres…). Sur les 3,5 millions de bateaux de pêche, 1 % assure 50 % des prises mondiales. Près de 400 millions de personnes vivent de la pêche (aquaculture comprise), directement ou indirectement (capture, transformation, conditionnement, commercialisation), parmi lesquelles 38 millions ont tiré, en 2002, leurs revenus des activités de production, dont 87 % en Asie. Les pays en développement accueillent 97 % des pêcheurs. Si la pêche continue au rythme actuel, les poissons pourraient disparaître des océans d'ici un demi-siècle. (1) C'est à partir des années 50 que la pêche a connu un développement considérable. En une vingtaine d'années, la production mondiale de pêche de capture marine et continentale a triplé : de 18 millions de tonnes en 1950, elle est passée à 58 millions en 1969. Le taux de croissance des prises a ensuite chuté très vite, passant à zéro dans les années quatre-vingt-dix. Argentine, Canada, Chili, Chine, Danemark, Etats-Unis, Fédération de Russie, Islande, Inde, Indonésie, Japon, Malaisie, Mexique, Maroc, Myanmar, Norvège, Pérou, Philippines, Province de Chine de Taiwan, République de Corée, Thaïlande et Vietnam ont assuré plus de 80 pour cent des captures totales mondiales en 2002. L'état des stocks de poissons varie en fonction des espèces et des zones. L'Atlantique nord-est, nord-ouest et sud-est, la Méditerranée, la mer Noire, le Pacifique sud-est et l'océan austral sont particulièrement surexploités par la pêche industrielle. Dans certaines zones, les populations animales permettant la perpétuation des espèces ont été en grande partie détruites. C'est le cas des poissons de grande profondeur, de certaines familles de requins et de grands poissons migrateurs. Les populations de thon rouge, très recherché par les restaurants de sushis japonais (un beau spécimen peut rapporter 50 000 dollars à la revente), ont été réduites de 97 %. Même en arrêtant les captures, des années seraient nécessaire pour reconstituer le stock. Les espèces surexploitées sont en majeure partie les poissons vivant près du fond (morue, merlu, poisson plats), les crustacés et les céphalopodes. Dalila B.