La surpêche du thon de l'Atlantique dans la première moitié du XXe siècle a mené à la quasi-extinction de l'espèce au tournant des années 1960, une situation qui perdure encore aujourd'hui, montre une étude de chercheurs danois et canadien. Les professeurs Brian MacKenzie de l'Université technique du Danemark et son collègue Ransom Myers, de l'Université Dalhousie, au Canada expliquent que les thons rouges de l'Atlantique arrivaient par milliers à la fin juin près des côtes nordiques européennes, avant d'entamer leur migration vers octobre. Avant la Première Guerre mondiale, le thon était rarement pêché dans l'Atlantique nord, mais à partir des années 1920 la pêche s'est intensifiée de paire avec le développement d'usines de "conserve" de la précieuse chair et ce, jusqu'en 1950. Au début des années 1960, le déclin des stocks de thon de l'Atlantique a été pour la première fois enregistré. Et depuis, la ressource ne s'est pas renouvelée. Le professeur MacKenzie, dont l'étude doit paraître dans une édition spéciale de la revue "Fisheries Species", indique avoir démontré lui et son collègue que les thons rouges étaient présents en grand nombre. Une pêche abondante a précédé leurs disparition virtuelle dans la région et semble y avoir joué un rôle clé. La Norvège à elle seule a pêché environ 10 000 tonnes de thon rouge chaque année depuis 1950, alors qu'en 2003, l'ensemble des thons rouges pêchés en Atlantique pesaient 23 000 tonnes. Les habitants du nord de l'Europe ont oublié qu'autrefois d'énormes stocks de thon rouge envahissaient les marchés au siècle dernier. Le thon rouge peut peser plus de 700 kilos. D'autres facteurs ont aussi pu mener à une diminution importante des stocks des côtes de l'Atlantique nord, y compris la capture de bébés thon rouge, ce qui aurait contribué à freiner la reproduction de l'espèce, suggèrent les deux chercheurs. Non seulement les pêcheurs européens, mais aussi ceux du Canada, des Etats-Unis et du Japon ont contribué à la surpêche du thon de l'Atlantique qui, cru, fait aujourd'hui le délice des amateurs de "sushis", ce qui met en péril les stocks de ce géant des mers. Une autre recherche, aussi réalisée au sein du réseau de chercheurs "Census of Marine Life" mais dirigée cette fois par le professeur Barbara Block de l'université Stanford aux Etats-Unis, a permis de suivre les migrations récentes du thon de l'Atlantique en utilisant des balises électroniques. Des balises électroniques ont été implantées dans des thons sur les côtes occidentales de l'Irlande en 2003 et 2004. L'un d'eux a franchi 6 000 km en 177 jours pour se rendre dans les Caraïbes, au nord de Cuba, un autre est resté dans l'Atlantique mais s'est dirigé vers les côtes du Portugal, tandis qu'un troisième a été pêché au large de Malte, en Méditerranée. Le thon rouge se différencie en trois groupes, Atlantique, Pacifique et du Sud. Selon les experts, le thon rouge de l'Atlantique se sépare en deux grands groupes, l'un qui migre vers la Méditerranée et l'autre vers le golfe du Mexique pour se reproduire. Le thon rouge qui nage dans le golfe du Mexique et dans la mer Méditerranée, peut coûter 10 000 à 15 000 dollars au Japon (pour un seul specimen), où ils sont mangés en sushi, a déclaré Andre Boustany, un expert de l'université Duke aux Etats-Unis. Un seul thon rouge a déjà été vendu pour 178 000 dollars. Les cinq organismes internationaux chargés de la régulation de la pêche au thon ont adopté en janvier un premier plan d'action mondial pour sauver cette espèce menacée de surpêche, mais ce dernier ne comporte aucun système mondial de quotas des pêches de thon. En juin, l'Union européenne s'est dotée d'un plan de sauvegarde sur 15 ans visant à restaurer les stocks du précieux poisson, notamment en Méditerranée.