Les capacités de production du groupe public de production de lait, Giplait, sont évaluées à 1,4 milliard de litres par an. La production des différentes filiales de ce groupe est répartie à hauteur de 82% sous forme de lait pasteurisé et 18% comme produits laitiers dérivés. Le volume de production de ce groupe, à lui seul, dépasse de loin la production que totalisent l'ensemble des laiteries privées à travers le pays. Ces dernières (les laiteries privées) sont au nombre de 120 PME/PMI qui produisent une moyenne de un milliard de litres par an, mais la production du lait pasteurisé ne représente que 20% seulement de ce volume. Tous ces indicateurs sur une filière stratégique comme celle de la production laitière viennent d'être établis par un groupe d'experts de Fillaha Innov qui ont mené une étude approfondie sur le secteur. La croissance annuelle de la filière est estimée à 8% et la collecte du lait frais produit au niveau local ne dépasse pas l'infime taux des 15%. Le déficit est, en conséquence, couvert par le recours à l'importation massive de la poudre de lait sur le marché international. En revanche, les experts en question concluent que les capacités de collectes sont largement suffisantes "tant en quantités qu'en espace puisqu'elles couvrent toutes les wilayas laitières à travers le pays", ce qui laisse incompréhensible le fait que le taux de collecte demeure très faible malgré que "les unités de transformation ont fait beaucoup d'efforts pour booster cette production surtout ces derniers temps avec l'envolée des prix de la poudre de lait". La même analyse fait ressortir également un constat peu réjouissant à plusieurs niveaux. D'un côté, "un faible potentiel génétique, (avec) plus de 60% du cheptel ne produit que 5 litres par jour et une période de lactation de 100 jours". De l'autre côté, "un prélèvement élevé par les veaux estimé à 50% de la production pour la race locale", et enfin, "une forte autoconsommation qui peut aller jusqu'à 80% de la quantité traite". Après avoir passé en revue tous ces paramètres, ces experts font ressortir dans leur étude que "l'industrie laitière en Algérie est complètement déconnectée du secteur de l'agriculture dans la mesure où une très faible part des besoins est couverte par la production des exploitations laitières (…) Conçue initialement pour être le débouché d'un système de production laitière intensif, elle se limite aujourd'hui au rôle d'une industrie substitutive". De là, il est recommandé aux pouvoirs publics d'aller de l'avant en matière de renforcement de la stratégie conçue pour le développement de la filière en question afin surtout d'endiguer la dépendance du marché international et, de coup, réduire d'une façon effective la facture de l'importation de la poudre de lait. Par ailleurs, les acteurs de la filière ont été nombreux à estimer que si l'Etat est parvenu à réduire la facture de l'importation de la poudre de lait cette année de 400 millions de dollars, (puisque le volume importé est évalué à quelque 200 millions de dollars seulement, alors que l'année 2008, les importations ont franchi la barre des 600 millions de dollars), c'est parce que le prix de la poudre de lait sur le marché international a connu une baisse très sensible. Toutefois, il y a lieu de rappeler aussi que c'est dans l'espoir de booster la production locale de lait que le ministère de l'Agriculture a procédé à la révision à la hausse des subventions qui sont octroyées habituellement aux acteurs du secteur à divers niveaux d'intervention. M. Amani