Depuis plusieurs années, la présence chinoise s'affirme en Afrique. Très actifs dans le secteur commercial et la construction, ces nouveaux venus investissent méthodiquement tous les secteurs économiques en profitant du retrait croissant des pays européens mais aussi grâce aux inerties locales. Fort d'un activisme diplomatique sans précédent, la Chine bouscule l'Afrique. Plus de 800 entreprises de l'empire du Milieu y sont déjà présentes, le volume des échanges a triplé en quatre ans. Les Chinois ont tout d'abord saisi des opportunités là où la compétition était moins forte : Soudan, Angola, Nigeria, Zimbabwe... Souvent au moment où ces pays connaissaient des conflits et étaient délaissés par des compagnies occidentales. Ils se sont créé des niches à partir desquelles ils rayonnent. Plusieurs pays africains entretiennent aujourd'hui des relations commerciales soutenues avec les Chinois. C'est dans ce contexte d'ailleurs, que le Fonds de développement Chine-Afrique vient d'accorder six projets d'investissement nécessitant plus de 90 millions de dollars, depuis sa mise en place, en juin 2007. Cette évaluation comprend plus de 100 projets à l'étude, signifiant davantage d'investissements dans les pays africains dans le futur. Le président de la compagnie du Fonds de développement Chine-Afrique, Chi Jianxin, qui s'exprimait, lundi dernier, lors d'un séminaire sur l'investissement dans les pays africains tenu à Xiamen (province orientale du Fujian), a également, déclaré, que le Fonds a aussi établi des relations stratégiques avec plus de 10 grandes entreprises en Chine en vue de promouvoir la coopération commerciale avec les pays africains, en mettant l'accent sur l'investissement dans l'agriculture, les infrastructures, la fabrication, et les ressources naturelles afin de renforcer le développement local durable. "Par exemple, le projet de l'usine de verre en Ethiopie, dont le Fonds détient 40% des actions, va mettre fin à la partie de l'histoire de l'Ethiopie où cette dernière ne pouvait pas fabriquer de verres", a indiqué Chi. Selon Wang Chao, ministre assistant du commerce, davantage d'entreprises chinoises investissent en Afrique, bénéficiant de leurs avantages technologiques et en main-d'œuvre et des ressources abondantes de l'Afrique. "Ces dernières années, l'économie africaine s'est développée rapidement. La Chine est un grand marché qui possède de riches expériences dans le développement et dispose des capitaux, technologies et professionnels dont ont besoin les pays africains. Les entreprises chinoises, puissantes et de bonne réputation, désirent vraiment s'implanter sur le marché africain". La croissance annuelle du commerce bilatéral Chine-Afrique demeure à plus de 30 % depuis 2000. Le volume commercial bilatéral a atteint 73,3 milliards de dollars en 2007 et 53,1 milliards de dollars au cours du premier semestre de l'année 2009. Les investissements directs des entreprises chinoises ont totalisées 305 millions de dollars de janvier à juin 2008. En plus des domaines traditionnels, tels que le commerce et l'ingénierie, les projets d'investissements se sont étendus à l'agriculture, le tourisme, l'énergie et les soins médicaux. Un environnement politique en nette amélioration Récemment, la Chine a signé un accord bilatéral de promotion et de protection des investissements étrangers (APIE) avec 29 pays africains, ainsi qu'un accord pour éviter la double imposition et l'évasion fiscale. L'environnement légal et politique pour la mise en œuvre de la coopération d'investissement par les entreprises chinoises et africaines s'est, en effet, nettement amélioré. Les pays africains prêtent une attention particulière à la foire, et envoient des délégations de haut niveau pour y participer chaque année. La participation de nombreux officiels ministériels de pays africains à la foire le prouve. Le Fonds de développement Chine-Afrique est donc l'une des huit mesures pour la "coopération pragmatique" annoncées par le président chinois Hu Jintao lors du sommet de Pékin du Forum de coopération Chine-Afrique, en novembre 2006. En tant que Fonds d'investissement en actions, il vise à soutenir les entreprises chinoises dans l'élargissement de leurs investissements dans les pays africains. Ce Fonds a, pour rappel, commencé son opération le 26 juin 2007 avec un premier lot de capital d'un million de dollars apporté par la banque de développement de Chine. On prévoyait alors que la taille du Fonds atteindrait cinq millions de dollars. Adnane Cherih