Dans le cadre de la mise en œuvre de la nouvelle stratégie relative aux zones de développement industriel intégré (ZDII), une délégation du Ministère de l'Industrie et de la Promotion des Investissements, s'est déplacée hier à Bordj-Bou-Arréridj.Lors de cette visite, la délégation a en présence de M. le secrétaire général de la wilaya, les différents secteurs dont le directeur des Mines et de l'Industrie, les opérateurs et le chef de la daïra et le président de l'APC de El-Hammadia, procédé au lancement des travaux de développement de la ZDII de Mechta-Fatima située dans la commune de El-Hammadia. Ce pôle industriel d'une superficie de 382 hectares dont 216 hectares cessibles et 30 hectares réservés aux différents services, est déjà convoité par 150 opérateurs. A l'issue de cette rencontre, une enveloppe financière de 250 milliards de centimes a été allouée au développement de cette zone. Il s'agit selon les membres de délégation d'un pôle industriel à vocation technologique et qui sera également doté d'un port sec et d'une liaison ferroviaire. Lors de son intervention le SG de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj a présenté les atouts industriels de la wilaya laquelle dispose déjà d'une zone industrielle qui s'étend sur un périmètre de 180 hectares exploités par 180 opérateurs lesquels emploient plus de 5.000 travailleurs. Il expliquera également toute la portée de l'activité industrielle au niveau de la capitale des Bibans tout en insistant sur l'identification de l'ensemble des actions et des activités devant permettre la mise en synergie entre les différents acteurs comme l'université, les laboratoires et les centres de recherches en collaboration avec les opérateurs économiques. Pour sa part, Mme Nadia Chetaf, experte consultante auprès du cabinet de M. le ministre de l'Industrie et de la Promotion des Investissements, a mis en relief tous les arguments ayant poussé à choisir l'option de développer des ZDII. Elle rappellera que l'apparition sur la scène économique internationale de nouveaux pays industriels (Brésil-Chine, Inde- Indonésie, Malaisie, Russie) a entraîné une "restructuration de l'industrie à l'échelle mondiale" qui s'est traduite par une tendance à la désindustrialisation des pays développés."Cette dernière, qui a concerné dans un premier temps les produits à faible valeur ajoutée, touche dorénavant les activités de haute technologie considérées jusque là comme l'apanage exclusif des économies avancées. La mondialisation a modifié le cadre industriel de la production industrielle, en impulsant des recompositions des systèmes productifs, en même temps, aux échelles locale, nationale et internationale". Ainsi, un nouveau dispositif conceptuel a été bâti ces dernières années par les économistes, les géographes et les aménageurs de l'espace pour fonder une nouvelle démarche du développement industriel, centrée de plus en plus sur la mobilisation des gisements des valeurs ajoutées propres au "capital humain et à l'" investissement immatériel". Clusters/grappes industrielles, districts industriels, technopole, pôles de compétitivités, sont autant d'appellations pour qualifier les différentes formes de coopération interentreprises. Pour madame Nadia Chetaf, ces formes d'organisation privilégient les interrelations et les complémentarités entre les différents acteurs sur un espace donné pour réaliser collectivement ce qu'une entreprise ne peut faire "individuellement", faute de temps, de moyens financiers et humains. A travers son exposé, elle fixe les objectifs du MIPI à savoir : développer en tenant compte de l'histoire et des réalités économiques du pays, ses propres concepts ou, retenant les concepts existants, et leur donner un contenu propre. " Pour définir notre politique de déploiement spatial de l'industrie et son inscription dans le contexte national, une démarche de benchmarking s'avère nécessaire pour mettre en exergue les expériences de quelques pays qui ont développé des stratégies spécifiques basées sur la concentration spatiale des activités industrielles, l'utilisation des avantages particuliers aux différentes zones du territoire national comme leviers de l'amélioration de la compétitivité " Déploiement spatial en Algérie Mme Chetaf explique les raisons et l'objectif de ce déploiement. Elle estime, dans ce sens, que l'industrie algérienne a été victime de modèles de restructuration pas toujours en adéquation avec les exigences de la nouvelle donne économique internationale. "Il s'agit aujourd'hui de mettre les entreprises industrielles nationales dans des ''conditions de compétitivité'' qui ne peuvent être que celles fixées par le marché international. L'objectif porte sur la régénération et le développement des activités industrielles qui ne représentent que 6 % du PUB, vers des industries qui s'inscrivent dans l'avenir et qui tiennent compte de la dynamique que connaît l'économie mondiale dont nous sommes partie intégrante. Evoquant le choix des zones industrielles, elle souligne qu'il a pour but de réunir les conditions de redémarrage de l'activité industrielle pour des industries qui n'ont pas d'interaction mutuelle, qui ont des relations limitées à leur marché et qui ne disposent pas des "externalités" qui leur permettent de trouver les moyens de développement du point de vue du déploiement spatial industriel, il s'agit donc de repérer les bassins industriels existants et potentiels qu'il convient de "redynamiser" et de "développer", et cela par une démarche intégrée qui consiste à prendre appui sur les avantages qu'offrent les différents espaces existants pour promouvoir et mettre en place des mécanismes d'interconnexion entre entreprises, entre entreprises-centres de formation et de recherche et centres techniques industriels, organiser le cadre institutionnel de mobilisation pour faire vivre et perpétuer ces mécanismes. " La ZDII est un espace géographique de concentration d'une population d'entreprises actives. C'est un espace de grappes (clusters,ZI) d'entreprises pouvant avoir des activités diversifiées ou spécialisées, opérant dans des filières industrielles technologiquement proches, tirant avantage du potentiel d'attractivité et des externalités que présente le territoire. Ainsi, explique-t-elle, que les ZDII s'étendront sur l'espace des wilayas et se concentreront sur des activités qui peuvent être polyvalentes ou spécialisées. Selon elle, au sein de ces zones, existent des zones industrielles ou des zones d'activités commerciales qu'il faudra dynamiser pour les faire évoluer en simples espaces d'entreposage d'usines et des espaces de réseaux et de dynamique de développement. Les ZIDI spécialisées sont des espaces où se concentrent des entreprises dans des activités spécifiques (hydrocarbures, mines, sidérurgie etc.). Ce sont des zones qui peuvent répondre à des besoins spécifiques de l'espace économique et où les économies externes sont très fortes et peuvent être internalisées là encore par une dynamique de réseaux et de connections. Ahmed Saber