Les ministres des Finances du G-8 ont noté des "signes de stabilisation" de leurs économies et ont commencé à discuter de stratégies de sortie de crise qui permettraient d'assainir les finances publiques sans casser l'élan de la reprise, dont tous soulignent qu'elle n'est pas encore là. Dans leur déclaration finale publiée à l'issue de deux jours de réunion à Lecce, dans le sud-est de l'Italie, les ministres annoncent qu'ils ont décidé de demander au Fonds monétaire international (FMI) d'étudier des stratégies potentielles pour encadrer le processus de sortie des coûteux -et à long terme économiquement dangereux- plans de relance économique. Ils estiment toutefois encore largement prématuré de changer leur fusil d'épaule alors que de nombreuses économies abordent tout juste la phase de stabilisation et que la crise n'a pas encore atteint son pic partout dans le monde. Cette prudence reflète des divergences d'analyse, notamment entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne qui considèrent l'Europe continentale trop timide dans ses mesures anti-récession, et des pays comme l'Allemagne qui s'inquiètent du risque à long terme que représentent les baisses des taux d'intérêts et des prélèvements obligatoires des vastes plans de relance anglo-saxons. Lors de cette réunion préparatoire au sommet des dirigeants qui se tiendra en juillet à L'Aquila, dans le centre de l'Italie récemment frappé par un séisme, les grands argentiers du G-8 (Allemagne, Canada, Grande-Bretagne, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Union européenne) se sont montrés d'un optimisme prudent, malgré plusieurs mois de redressement de la situation économique et des marchés financiers dans le monde. "Ces premiers signes d'amélioration sont encourageants mais l'économie mondiale tourne toujours en sous-régime et des défis de taille nous attendent encore", a prévenu le secrétaire américain au trésor Timothy Geithner. "La reprise économique et financière (...) sera plus forte et plus durable si nous décidons aujourd'hui de la façon dont nous reviendrons à une fiscalité durable une fois la tempête passée", a-t-il ajouté. La Banque mondiale prévoit quant à elle désormais une contraction de l'économie mondiale de 3% pour cette année, alors qu'elle tablait jusque-là sur 1,75%. "La situation reste incertaine et des risques substantiels continuent de peser sur la stabilité économique et financière", concluent les ministres, qui se disent prêts à continuer de soutenir l'économie autant que nécessaire. Le G-8 Finances s'est par ailleurs entendu sur les objectifs d'une stratégie baptisée "Leece Framework" pour élaborer de nouvelles règles communes de transparence dans les affaires et la finance internationales. Pendant ce temps, dehors, dans la ville médiévale de Lecce, des milliers d'altermondialistes manifestaient pacifiquement contre le G-8 aux cris de "G-8, économie, mensonges".