Le plan solaire méditerranéen vient d'être relancé. Annoncé en décembre par l'Union européenne, le projet, qui va démarrer d'ici à la fin de l'année, ambitionne d'installer des milliers de miroirs paraboliques dans le désert du Sahara. Le concept est simple selon Gerhard Knies, inspirateur du projet TREC (Trans-Mediterranean Revewable Energy Cooperation). "Les déserts chauds couvrent environ 36 millions de km2 sur les 149 millions de km2 de terres émergées de la planète. L'énergie solaire frappant chaque année 1 km2 de désert est en moyenne de 2,2 térawattheures (TWh), soit 80 millions de TWh par an. Cela représente une quantité d'énergie si considérable que 1 % de la surface des déserts suffirait pour produire l'électricité nécessaire à l'ensemble de l'humanité." Un projet ambitieux à étudier de près si l'on considère la demande mondiale croissante en énergie. Le Sahara deviendrait dès lors le terrain d'une gigantesque centrale solaire à concentration (CSP) qui alimenterait tout le Maghreb et même l'Europe. Un réseau de supercentrales solaires (paraboles solaires et non panneaux photovoltaïques) serait implanté dans les pays de la ceinture saharienne. Le courant produit serait ensuite transporté par des lignes à haute tension posées au fond de la Méditerranée. Les experts du projet Désertec ont calculé qu'une surface de 300 km2 couverte de paraboles solaires, c'est-à-dire un timbre poste sur le globe terrestre, suffirait théoriquement à couvrir les besoins énergétiques mondiaux. Dans le cas de Désertec, il s'agirait de couvrir jusqu'à 15% des besoins de l'Europe à partir de 2025. La construction d'un réseau d'approvisionnement traversant la Méditerranée et s'étendant sur au moins 2000 kilomètres demanderait près de 200 milliards d'euros d'investissements. L'ensemble du projet pouvant, selon les experts, monter jusqu'à 400 milliards d'euros sur plusieurs décennies. Ce plan solaire méditerranéen apporterait à la fois de l'électricité et des ressources financières aux pays d'Afrique du Nord. De plus, cela permettrait de donner à l'Europe une source énergétique susceptible de l'aider à remplir son objectif de 20% d'électricité produite à partir d'énergies renouvelables d'ici à 2020, contre 8% aujourd'hui. Enfin, cette centrale pourrait couvrir 15% des besoins en électricité de l'Europe en 2050. Les centrales solaires thermiques utilisent des centaines de miroirs pour concentrer la lumière du soleil dans l'eau. Cela produit de la vapeur d'eau qui peut à son tour faire tourner les turbines. Et ce sont ces turbines qui génèrent l'électricité. Les centrales solaires thermiques à concentration sont donc particulièrement adaptées pour des régions chaudes et sèches comme le désert du Sahara. Selon l'Observatoire Méditerranéen de l'Energie (OME), si les politiques actuelles ne sont pas modifiées, la demande en énergie du bassin Méditerranéen devrait croître de 1,5% par an pour atteindre 1,4 million de tonnes d'équivalent pétrole (tep) en 2030 contre 990 millions de tep en 2005. 80% de cette énergie proviendrait du pétrole alors que le pic de production du bassin nord-africain (Algérie, Libye, Egypte) sera atteint en 2020. Dans ce sens, Une vingtaine de multinationales, surtout allemandes, veulent rapidement poser les jalon de ce projet. Les écologistes allemands ont salué le projet, tout comme Greenpeace. L'ONG a d'ailleurs affirmé que le projet Desertec rendra " superflues la construction de nouvelles centrales thermiques et la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires ". Par ailleurs, les émissions de CO2 pourraient être réduites de 4,7 milliards de tonnes d'ici 2050, soit six fois la production annuelle de l'Allemagne. Samira G.