La Réserve fédérale américaine a laissé sa politique monétaire inchangée et constaté un ralentissement de la récession aux Etats-Unis tout en laissant entendre que le risque de déflation avait diminué. A l'issue de deux jours de réunion, la banque centrale américaine a, comme attendu, maintenu l'objectif des fonds fédéraux entre zéro et 0,25%, un niveau auquel il est fixé depuis décembre, et elle a répété que les taux devraient rester inhabituellement bas pendant "une période prolongée". Selon plusieurs économistes, l'expression employée par la Fed signifie que les taux resteront à ce plancher en 2009, mais également pendant une bonne partie de l'année 2010. Elle a également confirmé le calendrier et le montant de son programme de rachats d'emprunts sur les marchés financiers, une mesure non-conventionnelle destinée à favoriser le crédit. Cette annonce a eu raison de la progression affichée par le Dow Jones en début de séance. L'indice phare de la Bourse de New York a finalement clôturé en baisse de 0,28%. Le dollar s'est quant à lui inscrit en nette hausse contre l'euro et contre le yen. Dans son communiqué, la Fed a redit qu'elle poursuivrait la mise en oeuvre des mesures de soutien au marché du crédit immobilier et qu'elle rachèterait 300 milliards de dollars (d'euros) de Treasuries à long terme d'ici l'automne. Cette confirmation a déçu les opérateurs et fait reculer les cours des Treasuries. De nombreux investisseurs espéraient en effet que la Fed accroisse le montant qu'elle entend consacrer au rachat de papier long. La principale surprise de ce texte réside dans l'absence de mention de risque de déflation. "Ce qui me frappe dans l'immédiat, c'est le fait que la Fed ait supprimé son avertissement sur la possibilité que l'inflation devienne exagérément basse. Je pense que cela constitue un premier pas très progressif laissant entendre que les pressions inflationnistes pourraient finir par devenir un problème. C'est pourquoi le dollar est en hausse", souligne Omer Esiner, de Travelex Global Business Payments. "(La Fed) évolue globalement vers des perspectives un peu plus équilibrées en ce qui concerne le rapport inflation-déflation. Le marché en a conclu que, peut-être, la Fed envisage des stratégies de sortie. Cela semble, dans un premier temps au moins, une évolution favorable au dollar." En l'absence de nouveauté sémantique, les analystes ont retenu le ton prudent adopté par la Réserve fédérale. "Ce qui est le plus important, c'est que malgré les modestes signes d'amélioration du climat, la Fed continue d'indiquer que l'activité économique restera fragile pendant un certain temps", note David Greenlaw de Morgan Stanley.