La contrefaçon constitue un fléau en constante évolution, lequel profite de la mondialisation des échanges, et qui n'épargne aucun secteur d'activité. Les entreprises nationales souffrent elles aussi de ce phénomène qui a pris de l'ampleur ces dernières années en Algérie, empêchant donc leur développement. BCR, l'entreprise nationale de robinetterie, de coutellerie et de boulonnerie, n'a pas pu, elle aussi, échapper à la contrefaçon. La société a enregistré d'ailleurs des pertes de l'ordre de 50 milliards de centimes durant ces dernières années. "La contrefaçon en Algérie nous fait beaucoup de mal", a déploré M. Mederres, responsable commercial chez BCR, lors d'une conférence de presse tenue dernièrement. En outre, M. Mohamed Bendjelloul, directeur marketing de la même entreprise, a tenu à expliquer, au cours d'un bref entretien accordé au magazine Jeune Afrique, quelques détails concernant les problèmes auxquels a dû faire face la société pour ce qui est de la contrefaçon et la concurrence déloyale, ainsi que les moyens de lutte contre le phénomène, notamment à travers l'installation d'un laboratoire de contrôle. A ce propos, le responsable a déploré la situation du marché qui subit la contrefaçon et la concurrence déloyale qui détruit non seulement la production nationale, mais empêche aussi le développement de l'entreprise en général. Selon lui, c'est une situation d'échec et l'Algérie continue d'en souffrir, puisque le marché est toujours inondé de produits non conformes. La preuve, souligne-t-il, "il y a quatre jours, la brigade économique de la sûreté de wilaya de Batna a saisi 1 000 fausses cuillères et fourchettes Sicilia chez des revendeurs. Nous avons demandé au ministère du Commerce d'inscrire les articles de robinetterie, coutellerie et boulonnerie dans la nomenclature des produits soumis à un contrôle obligatoire et systématique aux frontières. Et en l'absence de structures spécialisées dans le contrôle des produits industriels, BCR a pris l'initiative de mettre à la disposition des structures compétentes du ministère du Commerce un laboratoire équipé de tous les moyens d'investigation nécessaires". M. Bendjelloul est revenu, lors de cet entretien, sur l'historique des pertes enregistrées par BCR. D'après lui, l'entreprise s'est aperçue du phénomène en 1994. Mais ce fléau a pris malheureusement de l'ampleur à partir de 1998, avec l'ouverture du marché algérien et l'importation massive d'articles de robinetterie, de coutellerie et de boulonnerie. "De 1994 à 2003, nos parts de marché ont reculé de 20 à 30 points, selon la branche d'activité. À cause de la contrefaçon, notre filiale Orfee, dont les couverts de marque Sicilia constituent 40% du chiffre d'affaires, a perdu 240 millions de DA en 2008. Saniak, la filiale de robinetterie qui fait 55 % de ses ventes avec les mélangeurs Prima, a perdu 317 millions de DA", a-t-il déploré. L'orateur à fait savoir qu'en 1998, BCR a initié un projet d'élaboration de normes en collaboration avec l'Institut algérien de normalisation, qui a abouti, le 16 mai 2000, à l'obligation légale du respect des normes nationales de robinetterie et boulonnerie. " Nous avons donc lancé en 2002, 2004 et en mars 2009 une vaste opération de formation destinée aux inspecteurs des douanes et aux officiers des brigades économiques de la Sûreté nationale. De plus, nous avons déposé et enregistré trente-trois de nos modèles et dessins auprès de l'Institut algérien de la propriété industrielle, et nous avons poursuivi devant les tribunaux neuf distributeurs d'articles BCR contrefaits. Du coup, depuis 2003, nous observons un léger recul de la contrefaçon de nos produits" a-t-il fait remarquer. Samira H.