La transformation de la Commission de l'Union africaine (UA) en Autorité doit se faire dans un consensus global et dans le respect le plus stricte de la souveraineté de chacun des Etats membres, a affirmé, hier, à Alger, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Dans une déclaration à la presse, en marge de la célébration par le MAE de la Fête de l'indépendance et de la jeunesse, M. Medelci a indiqué que la décision des Etats africains membres de l'UA de transformer la Commission de l'UA en une Autorité exige de nous que nous puissions intégrer cette décision dans un consensus global et dans le respect le plus stricte de la souveraineté de chacun de nos Etats. "La volonté d'aller vers une intégration plus forte s'est imposée", a précisé le ministre, relevant que les conditions dans laquelle cette intégration doit s'inscrire dans les faits exigent de nous pas seulement de la volonté mais de la perspicacité, car c'est une décision d'une grande portée politique pour l'ensemble du continent, a-t-il estimé. Le ministre, qui avait pris part à la 15e session du conseil exécutif de l'Union africaine de Syrte (Libye), a souligné que chaque pays s'est exprimé clairement sur la question de la souveraineté nationale, ajoutant que "nous ne souhaitons pas que la souveraineté d'un pays soit remise en cause". "L'intégration permettra d'améliorer la coordination entre les pays membres de l'UA " , a encore expliqué le ministre qui a relevé que ceci est extrêmement important et que ce qui a été enregistré à Tripoli, constitue une avancée par rapport à la décision de principe prise à Addis-Abeba en février 2009 et qui transforme la commission en Autorité. Il a, dans ce contexte, indiqué qu'à Syrte un contenu plus précis a été donné à l'organisation de l'Autorité avec, en particulier, un président de l'Autorité et dix secrétariats, dont chacun prendra en charge des volets importants pour relever des défis non moins importants dans l'espace continental. Il s'agit, a-t-il expliqué, de défis politiques, sécuritaires, économiques et sociaux, mais aussi écologiques et environnementaux. Selon M. Medelci, cette nouvelle organisation implique une modification de l'acte constitutif de création de l'UA et, dans les prochaines semaines, les pays membres de l'UA auront la possibilité de travailler sur la base d'un document qui, une fois approuvé, permettra à chacun des pays de se mettre à la ratification s'il le souhaite. Cette modification de l'acte constitutif va être une occasion d'un débat le plus large possible, un débat qui ne manquera pas de remettre à l'ordre du jour les facteurs de solidarité entre les pays africains, notamment dans leur lutte pour l'accès à l'indépendance, a relevé le ministre. Dans ce contexte, il a saisi l'opportunité de la célébration de la Fête de l'indépendance et de la jeunesse pour rappeler que notre propre indépendance et notre lutte de libération nationale a inspiré celle de nombre de pays africains. Le ministre a aussi relevé que cette solidarité est au cœur de la démarche d'intégration. Par ailleurs, M. Medelci a insisté sur l'importance de veiller à ce que la nouvelle organisation soit efficace et qu'elle se donne les moyens de cette efficacité, ajoutant que "c'est à la fois la détermination et la progressivité dans la mise en œuvre qui permettront d'avancer. ", a affirmé le ministre. M. Medelci a cité en exemple de cette cohérence et de cette homogénéité, le programme de l'Afrique qu'il a qualifié d'extrêmement ambitieux et qui est devenu, grâce au Nepad, un programme connu dans le monde entier. Il a aussi estimé que c'est sur la base de ce programme que le processus d'intégration devrait également se faire. Il faut attendre que la commission digère un peu les débats pour que nous puissions, dans les prochaines semaines, aboutir à un dossier commun à l'ensemble des pays africains leur permettant d'engager, chacun comme il le souhaite, et en fonction des règles constitutionnelles qui sont les siennes, le processus de ratification qui peut demander quelques mois, a conclu le ministre. L'UA adopte une série de résolutions Le 13e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine s'est clôturé, vendredi, par l'adoption d'une série de résolutions et de déclarations sur la situation dans le continent africain, notamment la création de l'Autorité de l'UA, la Somalie et le mandat d'arrêt international contre le président soudanais Omar Hassan El-Bachir. Il a ainsi été décidé par les chefs d'Etat africains la création de l'Autorité de l'Union africaine, qui sera dirigée par un président et dont le rôle sera le renforcement de la coordination des politiques étrangères, du commerce et de la défense au sein du continent africain. Pour entrer en vigueur, cette Autorité devra être approuvée par les parlements des 53 pays membres de l'UA, selon le président de l'UA, le Guide de la Révolution libyenne, le colonel Maamar El Gueddafi. Sur la situation en Somalie, les dirigeants africains ont exprimé leur plein soutien au gouvernement de transition dans sa lutte face aux insurgés. L'UA a, par ailleurs, exhorté ses Etats membres à fournir le personnel militaire nécessaire pour permettre à la force de paix de l'Organisation panafricaine en Somalie (Amisom) d'assurer sa mission. Sur un autre registre, les dirigeants africains ont décidé qu'ils ne coopèreront pas avec la Cour pénale internationale (CPI) pour l'arrestation du président soudanais Omar Hassan El-Bachir, accusé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, région de l'Ouest du Soudan en conflit armé. L'UA reproche notamment au Conseil de sécurité de l'ONU de ne pas avoir répondu à sa demande de suspendre les poursuites contre le président soudanais. En conséquence, il a été décidé que les Etats membres de l'UA ne coopéreront pas avec la CPI dans l'arrestation et le transfert de M. El-Bachir, au nom de son immunité présidentielle. Le sommet de Syrte a expliqué sa décision en notant avec une grave préoccupation les conséquences malheureuses que cet acte d'accusation a eu sur le processus de paix délicat en cours au Soudan, et le fait qu'il continue de saper les efforts déployés en vue de faciliter un règlement rapide du conflit dans ce pays. Concernant la Mauritanie, le sommet se félicite de la signature le 4 juin 2009 de l'Accord de sortie de crise, salue la contribution historique du président Sidi Ould Cheikh Abdellahi, qui s'est démis volontairement de son mandat présidentiel, et demande aux parties concernées de mettre en œuvre de bonne foi les engagements pris. La question malgache a également été débattue et le sommet a exprimé sa vive préoccupation face à l'absence de progrès en ce qui concerne le retour à l'ordre constitutionnel dans le pays. Il a aussi exprimé son appui aux éléments de sortie de crise articulés par le Groupe international de contact lors de sa réunion tenue à Addis-Abeba le 30 avril 2009. Pour la Guinée-Bissau, les dirigeants africains condamnent dans les termes les plus fermes la spirale de violence ayant notamment abouti à l'assassinat du président Joao Bernardo Vieira. Le sommet exhorte les forces armées et de sécurité à s'abstenir de toute ingérence dans les questions politiques. Sur la situation politique en Guinée, le sommet invite les autorités issues du coup d'Etat à respecter les engagements qu'elles ont pris et à mener à son terme le processus de transition, conformément à la feuille de route convenue entre les parties guinéennes. Ouzna Mesroua