Le président mexicain Felipe Calderon a été sanctionné dimanche par les électeurs qui ont infligé une sévère défaite à son Parti de l'action nationale (PAN) sur fond de récession économique et de criminalité. Ce revers aux élections législatives de mi-mandat va compliquer la tâche du président qui aborde la deuxième partie de son mandat avec l'obligation de composer avec une chambre des députés où dominera désormais le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI). "Les rivalités doivent être écartées et nous devons désormais concentrer nos efforts sur la recherche d'un terrain d'entente, afin de parvenir aux accords dont notre pays a besoin pour renouer avec la croissance économique, la création d'emplois et la sécurité publique", a dit Calderon dans une adresse à la nation. Le PRI, dans l'opposition depuis 2000 après sept décennies à la tête du Mexique, était crédité tard dimanche soir de 35,55% des voix contre 27,13% pour le PAN après dépouillement des deux tiers environ des bureaux de vote, selon les derniers résultats publiés par la commission des élections (IFE). Cet écart est supérieur aux cinq à six points que prévoyaient les instituts de sondage avant le scrutin, qui a tourné au vote-sanction contre le parti au pouvoir confronté à une récession économique sans précédent depuis 1995. Dans la soirée, German Martinez, président du PAN, avait concédé la défaite de ses troupes et admis que le PRI serait la première force politique dans la future Chambre des députés, qui siègera à partir du mois de septembre. Ce revers attendu ne devrait pas avoir de conséquences sur la guerre que le président Calderon, élu en 2006, a engagée contre les cartels de la drogue mais devrait affaiblir son gouvernement alors qu'il aborde la deuxième partie de son mandat. La production de pétrole brut mexicain est tombée à son plus bas niveau en seize ans, érodant l'un des piliers des finances publiques; dans le même temps, le PIB mexicain devrait reculer d'au moins 6% cette année. Le président mexicain, qui gouverne sans majorité absolue depuis son entrée en fonction, veut réformer le secteur de l'énergie pour faciliter les investissements privés dans l'exploration des gisements de pétrole dans le Golfe du Mexique (le secteur pétrolier est nationalisé depuis 1938). Il prône aussi une refonte de la fiscalité et du droit du travail. Il lui faudra pour cela négocier avec le PRI. "Le gros inconvénient pour le PAN et pour le gouvernement de Calderon, c'est que l'ordre du jour de la Chambre des députés sera pratiquement défini par le PRI", souligne Irma Mendez de Hoyo, de la Faculté latino-américaine de sciences sociales (Flacso). "Calderon devra jeter davantage de ponts dans ses négociations avec le PRI sur les questions importantes qui devront passer par la Chambre", a-t-elle ajouté. A l'annonce de la défaite du PAN, le peso, la devise mexicaine, a dévissé de 0,6% à 13,31 pour un dollar. Les 500 sièges de la chambre basse du Congrès étaient en jeu ce dimanche, de même que les gouverneurs de six Etats et plusieurs centaines de maires. Plus de 77 millions d'électeurs mexicains étaient appelés aux urnes.