Trois jours après le renversement par l'armée du président Manuel Zelaya, l'Organisation des Etats américains (OEA) a donné, hier, aux nouvelles autorités en place au Honduras 72 heures pour restaurer la démocratie sous peine d'être suspendues. L'OEA "réclame le retour immédiat, sûr et sans conditions du président Manuel Zelaya dans ses fonctions constitutionnelles". Elle ajoute qu'"aucun gouvernement émanant de cette interruption anticonstitutionnelle ne sera reconnu" et charge son secrétaire général, Jose Miguel Insulza, d'entreprendre des "initiatives diplomatiques visant à restaurer la démocratie et l'état de droit". Si ces exigences ne sont pas remplies dans les 72 heures, "l'assemblée générale spéciale (...) suspendra le Honduras". Manuel Zelaya a affirmé mardi qu'il retournerait jeudi dans son pays avec plusieurs dirigeants étrangers en dépit d'une mise en garde du gouvernement intérimaire qui l'a renversé avec l'aide de l'armée. Les nouvelles autorités l'ont prévenu qu'il serait arrêté en cas de retour sur le territoire hondurien. S'adressant au siège des Nations unies à New York avant de se rendre à Washington pour y rencontrer les dirigeants de l'OEA, le président déchu a déclaré qu'il serait accompagné par les présidents argentin et équatorien et par les chefs de l'OEA et de l'Assemblée générale de l'Onu à son retour au Honduras. Jose Miguel Insulza s'est dit prêt à accompagner Zelaya. Il a en revanche exclu de rencontrer une délégation que le nouveau gouvernement intérimaire a dépêchée à Washington. L'OEA avait entamé mardi soir une séance spéciale consacrée au Honduras après le putsch de dimanche, le premier réussi en Amérique centrale depuis la fin de la Guerre froide. L'assemblée générale de l'Onu a adopté mardi une résolution par consensus condamnant ce qu'elle a qualifié de coup d'Etat et a demandé "le rétablissement immédiat et sans conditions du gouvernement légitime et constitutionnel" du Honduras. Aux pressions politiques se sont ajoutées des pressions économiques avec l'annonce par la Banque mondiale qu'elle "gelait" tous les prêts pour les programmes de développement dans le pays. La crise entre Zelaya et les militaires s'était exacerbée avec la destitution du chef d'état-major, le général Romeo Vasquez, qui s'opposait à la tenue d'un référendum sur une modification constitutionnelle visant à permettre au président de briguer un second mandat de quatre ans. La Cour suprême du Honduras s'était prononcée contre le limogeage du général Vasquez et avait demandé au chef de l'Etat, au pouvoir depuis 2006, de le rétablir dans ses fonctions. Elle a indiqué avoir elle-même demandé à l'armée de l'évincer en raison de son intention d'organiser un référendum "illégal".