Les cours du pétrole se consolident chaque semaine un peu plus soutenus par la faiblesse du dollar. Hier encore le baril a inscrit un nouveau plus haut à New York. Ainsi, le brut a repassé le seuil des 68 dollars, seuil plus atteint depuis fin octobre, après qu'une baisse du billet vert face à l'euro eut poussé les investisseurs à se porter vers les matières premières. "La faiblesse persistante du dollar semble générer des achats importants sur le marché pétrolier, dans un cycle qui semble s'auto-entretenir", a commenté Marius Paun, analyste chez ODL Securities. Le dollar est tombé vendredi matin à son niveau le plus bas de l'année face à l'euro, jusqu'à 1,4246 dollar. Le billet vert a continué à céder du terrain en raison d'une diminution de l'aversion au risque dans un contexte où "les espoirs d'une croissance mondiale sont toujours là et (que) le pire de la crise financière est derrière nous", commentent les analystes de Standard Chartered dans une note. Sa faiblesse attise les tensions inflationnistes et incite les investisseurs à acheter des matières premières, un placement dont la valeur ne se déprécie pas en période d'inflation. Aussi, la confiance a pu être alimentée aussi par la publication, plus tôt dans la matinée, de deux indices des directeurs d'achats (PMI) confirmant la reprise de l'activité industrielle en Chine. Dans une note d'analyse technique, la banque Standard Chartered a estimé que les cours avaient suffisamment d'élan pour monter jusqu'à 76,77 dollars, un seuil considéré comme une "résistance". "Dans un monde où les risques sur le système financier ont baissé et où l'économie pourrait avoir passé le pire de la crise, le baril tente purement de revenir à un niveau de prix qui soit tenable à long terme", complétait Olivier Jakob, du cabinet Petromatrix. Les producteurs -- qu'il s'agisse des pays membres de l'Opep ou des compagnies pétrolières internationales -- font savoir depuis des mois qu'un pétrole inférieur à 80 dollars décourage les investissements dans l'exploration et la production. Notons que le ministre de l'Energie Chakib Khélil a prévu un pétrole dont le prix oscillerait entre 70 et 75 dollars en 2010, au cas où une reprise de l'économie mondiale viendrait stimuler la demande de brut. "Pour l'année prochaine, nous prévoyons des prix entre 70 et 75 dollars", a-t-il déclaré dimanche à la presse en marge de la présentation du bilan 2008 de la commission de régulation de l'électricité et du gaz. "En termes de prix, nous ne pouvons faire que des prévisions approximatives", a-t-il cependant précisé. "Nous estimons que nous allons atteindre 60 à 65 dollars d'ici la fin de cette année (2009), et si l'économie mondiale reprenait début 2010, particulièrement dans l'Union européenne, ça donnerait un coup de fouet à la demande pétrolière qui se traduirait par des prix entre 70 et 75 dollars." Chakib Khélil a encore expliqué que "l'augmentation de la demande européenne pourrait contribuer à faire baisser les stocks et aider au retour des fondamentaux du marché que sont l'offre et la demande". Commentant le dernier redressement des prix, qui ont récemment retrouvé le seuil de 65 dollars, le ministre algérien de l'Energie noté que "l'espoir d'une relance économique mondiale a poussé au stockage du pétrole (par les investisseurs), ce qui a créé une demande pour le stockage". De son côté, le ministre koweïtien du Pétrole, Ahmad Abdallah Al-Sabah, a indiqué dimanche que son pays n'était pas favorable à des niveaux élevés du prix du brut car nuisibles à l'économie mondiale. "Nous ne voulons pas voir les prix (du brut) à plus de cent dollars/baril car cela alimenterait encore la récession" dans le monde, a déclaré le ministre aux journalistes au Parlement. Interrogé sur la récente hausse des cours du brut, cheikh Ahmad a indiqué que "le marché réagissait à des sentiments et non à des fondamentaux". "Il y a assez d'approvisionnement, mais les prix montent", a-t-il dit, indiquant s'attendre à un prix à 70 dollars le baril à l'approche de l'hiver. Synthèse S.G.