La crise financière mondiale, qui est née de la généralisation des prêts et des investissements spéculatifs au sein des institutions financières internationales, pose deux types de difficultés d'ordre politique. D'autre part, elle impose de prendre des mesures d'urgence visant à stabiliser les marchés financiers et les mouvements des capitaux internationaux, à stopper le déclin économique et enfin à relancer l'économie. Jusqu'à présent, les plus grands pays industrialisés ont pris une telle mesure. Ils ont non seulement effectué des opérations de sauvetage en injectant des capitaux dans les institutions financières et des entreprises industrielles affaiblies et en offrant des garanties d'Etat sur des actifs financiers et des dépôts bancaires risqués, mais aussi ont considérablement assoupli les politiques monétaires et brusquement réduit les taux d'intérêts et, enfin, pris d'importantes mesures visant à assouplir les conditions de crédit et à stimuler les dépenses privées afin de contrer les mouvements déstabilisateurs et déflationnistes découlant de la crise. Cependant, plusieurs d'entre eux manquent de ressources financières pour adopter des politiques commerciales et financières en vue de pallier l'insuffisance de ressources financières et donc justifiable. Très souvent, toutefois, l'efficacité des mesures dépend fortement de l'offre de liquidités internationales adéquates en des termes et conditions appropriées de la part des institutions financières internationales. D'autre part, la crise actuelle a montré, encore une fois, qu'il était indispensable de réformer fondamentalement le système financier international pour garantir une plus grande stabilité et empêcher l'éclatement de crises aux conséquences d'ordre mondial. Il semblerait que les principaux acteurs de l'économie mondiale s'accordent sur la nécessité d'une réforme. Plusieurs initiatives ad hoc ont été lancées et des propositions ont été soumises dans divers forums, dont l'Organisation des Nations unies, le Groupe des 20, et les institutions de Bretton Woods. Reste, cependant, à savoir dans quelle mesure ces propositions aboutiront sur les changements véritablement nécessaires. A ce sujet, les antécédents ne sont pas encourageants. Malgré un large consensus sur la réforme du système pour instituer une gouvernance plus efficace des finances internationales suite à une série de crises au sein des économies émergentes dans les années 90 et à la prolifération des propositions de réforme, l'initiative du " financement du développement " mise en œuvre n'a, à cet égard, donné aucun résultat concluant au cours des sept dernières années. L'enjeu d'une telle réforme est particulièrement grand pour les pays en développement et émergents, étant donné les répercussions disproportionnées de l'instabilité financière internationale qu'ils subissent. Il est clair, par conséquent, qu'ils influencent le processus de réforme et qu'ils expriment une vision cohérente pour engager un véritable changement dans de nombreux domaines pour lesquels ils ont un intérêt capital, tels que le mandat, les ressources, les modalités opérationnelles et la gouvernance du Fonds monétaire international (FMI), de manière à réduire leur vulnérabilité vis-à-vis de l'instabilité et des crises financière tout en préservant une autonomie politique adéquate concernant leur intégration dans le système financier international et la gestion des mouvements de capitaux et des taux de change. Ces deux types de problèmes coïncident sur certains points. Nombre de déficiences des mesures d'urgence que prend la communauté internationale contre le crise proviennent des faiblesses de mécanisme institutionnels mondiaux visant à gérer la crise et à y apporter des solutions. Les retombées de la crise financière mondiale sont dévastatrices dans les pays en développement et émergents. La chute des recettes provenant de l'exportation des produits de base et des produits manufacturés, l'effondrement des envois de fonds de la part des ressortissants émigrés, l'inversion des mouvements de capitaux privés, la propagation de la croissance des risques, un degré externe de resserrement du crédit touchant même le financement pour le commerce et les pertes des valeurs d'actifs contribuent tous à accentuer le ralentissement économique, voire la récession dans de nombreuses parties du monde. D'après les toutes dernières prévisions du FMI, la croissance moyenne des pays en développement et émergentes ne devrait pas dépasser 1,6 % en 2009, comparé à une moyenne de 8,7 % en 2007. La perte de croissance de ces pays, qui s'élèverait à plus de 6 points, est plus forte que celle du pays qui est au cœur de la crise. On s'attend, en effet, à ce que la production de l'économie américaine diminue de 2,8 % en 2009, après avoir affiché une hausse de 2 % en 2007. De ce ralentissement résultera de considérables baisses de revenus par habitant dans la plupart des régions et pays en développement. Par conséquent, nombre des progrès qui ont été réalisés en matière de développement et de lutte contre la pauvreté, grâce aux réformes et aux efforts considérables qui ont été faits ces dernières années, risquent d'être réduits à néant. Il y a désormais un large consensus sur la nécessité de prendre des mesures macroéconomiques expansionnistes et anticycliques en réaction aux mouvements déflationnistes provoqués par la crise. De même, la communauté internationale s'accorde sur le fait que les politiques monétaires auraient peu d'effets sur l'expansion du crédit et les dépenses privées dans les conditions actuelles d'extrême aversion au risque et de préférence pour les liquidités. Par conséquent, il convient essentiellement d'adopter des politiques budgétaires expansionnistes et, plus particulièrement, d'augmenter les dépenses publiques. Ahmed Saber