Selon Abdelhamid Temmar, Ministre de la promotion de l'investissement, dans une déclaration vague, l'Algérie peut créer immédiatement un fonds souverain. Plus précis, Abdelatif Benachenhou ancien Ministre des Finances, 20% des réserves de change suffisent pour le lancement d'un fonds d'investissement souverain, orienté vers l'internationalisation de Sonatrach, 30% de ces réserves devront rester entre les mains de la Banque d'Algérie et 50% devront aller au financement de l'économie. Plus prudent, pour Chakib Khelil, Ministre de l'Energie et des Mines, un fonds souverain est souhaitable mais seulement dans cinq années. Récemment, début juillet 2008, au forum d' El Moudjahid, des experts préconisent " au lieu d'aller au chevet des entreprises étrangères, il vaudrait mieux les investir localement ".Cependant, il ne faut pas être utopique , le pouvoir monétaire reste arrimé au Nord, le dollar (64 % des transactions) étant de plus en plus concurrencé par l'euro (26 %), tandis que la plupart des monnaies émergentes restent arrimées au dollar, et donc sous-évaluées. Cependant ces fonds de placement financiers détenus par les Etats, suscitent de fortes réactions de méfiance de la part de certains pays développés. Le Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement les 13 et 14 mars 2008/a abordé la question, proposant une "approche commune", veut éviter que les Etats membres n'adoptent dans le désordre des législations protectionnistes. Les Etats-Unis ont adopté une législation visant à empêcher ces fonds de contrôler des secteurs affectant leur sécurité nationale. En Allemagne, en France et aussi en Grande-Bretagne, on envisage de telles mesures de défense. Rappelons qu'en 2005, les USA ont essayé d'interdire à l'opérateur portuaire Dubai Ports World de mettre la main sur les cinq terminaux qualifiés de " stratégiques " et le commissaire européen Mandelson a évoqué la possibilité de recourir aux actions préférentielles " pour protéger les entreprises " stratégiques. De même, le gouvernement allemand envisage de prendre des mesures pour réduire les rachats potentiels par des fonds souverains en imposant une autorisation délivrée par l'administration fédérale dès lors qu'un fonds dépasse 25 % du capital d'une entreprise locale. Dans le cadre de règles mondiales de gouvernance applicables aux fonds souverains, le FMI travaille à l'établissement de codes de conduite pour les régir pour garantir la transparence de l'origine et la gestion de ces fonds. En effet, les fonds comme le "stabilisation fund" russe, ou le China Investment Corporation inquiètent les pays occidentaux. Même si leurs actifs sont moins importants que ceux des fonds gérés par les Emirats arabes unis ou la Norvège les Occidentaux ont vu d'un mauvais œil que des rivaux commerciaux, mais aussi des puissances militaires nucléaires comme la Chine et la Russie, puissent noyauter leurs économies. Les Etats-Unis ont adopté une législation visant à empêcher ces fonds de contrôler des secteurs affectant leur sécurité nationale. D'autres analystes, plus pragmatiques et moins politiques, soutiennent, eux, que ces fonds d'Etat ne cherchent en fin de compte qu'un rendement rapide, puisque Steffen Kern, responsable de la politique des marchés financiers internationaux à la Deutsche Bank, considère que " le protectionnisme n'est pas un bon outil politique. [..]. Trop de responsables occidentaux voient ces fonds occidentaux ou asiatiques comme des menaces alors qu'ils peuvent représenter un afflux important de capitaux frais ". Pour d'autres analystes, d'abord cela aidera les marchés émergents à se diriger vers de bonnes pratiques et des normes légales globales. Cela peut aussi aider les entreprises occidentales à pénétrer les marchés émergents comme pour Blackstone en 2007 qui a réussi à prendre 20% d'une compagnie de chimie chinoise nationalisée, après la prise de participation de 10% du CIC dans Blackstone. Les fonds souverains auraient donc un effet de stabilisation sur les marchés financiers et de modernisation dans les méthodes d'investissement. Par ailleurs ces fonds ont joué le rôle de sou pape de sécurité après la crise hypothécaires d'août 2007 en refinancant plusieurs banques internationales en difficultés .Ainsi Government of Singapore Investment Corporation et China Invesment Corporation ont contribué respectivement à 12 milliards de dollars US en décembre 2007 et 9,9% du capital de Morgan Stanley. Un exemple : le fonds d'Abou Dhabi, a permis de sauver City Group. Il a investi 7,9 milliards de dollars dans la première banque des USA engluée dans ses crédits à risques. Ainsi, avec la crise des prêts hypothécaires dont les pertes sont estimées en mai 2008 par le FMI à environ 950 milliards de dollars (estimations provisoires) l'intervention des fonds souverains a sauvé plusieurs banques jouant le rôle de "force stabilisatrice". Par ailleurs, ces fonds ont permis de rééquilibrer l'important déficit de la balance de paiement américaine. Et en gardant leurs réserves en dollars notamment la Chine, ils contribuent à éviter un dérapage du dollar par rapport à certaines monnaies clefs comme l'euro, la livre sterling ou le yen. 3.- La leçon que l'on peut tirer concernant ce débat en Algérie et loin de toute passion est que pour une gestion efficace des fonds souverains, cette dernière doit reposer sur quatre facteurs,tenant compte du processus de mondialisation, de notre place au sein des différentes stratégies géo-politiques dont la dernière en date est celle de l'Union pour la Méditerranée( UPM) (3) en précisant que l'Algérie souffre de capacité d'absorption de ses ressources financières, comme en témoigne les sur liquidités bancaires et le placement d'une partie de ses fonds à l'étranger. Notre pays ne souffre donc pas d'argent frais et vouloir attirer les capitaux locaux et étrangers doit reposer sur l'accumulation du savoir-faire intérieur condition du développement économique et social futur impliquant une autre vision du développement que des dépenses monétaires sans se soucier à la fois des impacts réels et d'une bonne maîtrise des coûts. Premièrement une bonne gouvernance interne (solidité et moralité des institutions). Deuxièmement la gestion des ressources humaines par la revalorisation du savoir, dont une spécialisation très fine dans l'ingérierie financière et le management stratégique qui nécessitent un minimum de 10 ans d'expérience ; car combien avons-nous de spécialistes en cette matière et il en est de même pour certains secteurs porteurs à moyen terme comme le nucléaire ou le solaire, où l'Algérie risque de former pour l'extérieur. Car avant de vouloir attirer les compétences algériennes extérieures, vision utopique à l'heure actuelle, il faut une nette volonté politique de retenir le peu de ceux qui restent. Et rien ne sert de faire des séminaires ou de soi- disantes rencontres internationales sur ce sujet dont les solutions sont connues de tous. Troisièmement l'on doit tenir compte de la concurrence internationale vivace dans ce domaine, et avoir à la fois un système financier national performant ( ce qui est loin d'être le cas avec une bourse en léthargie , des entreprises d'Etat en difficultés achetant des entreprises d' Etat en difficultés, unique dans les annales de la finance ) et une surface financière appréciable, les réserves de change algérien nes étant estimées à seulement 126 milliards de dollars soit moins de 65 milliards d'euros dont plus du 1/3 bloqués à terme, ne pouvant les retirer au risque de perdre les intérêts. Enfin quatrièmement, lié aux aspects précédents , aller à la bourse c'est comme aller au casino , pouvant gagner mais également perdre( la définition de l'entreprise c'est la prise de risque dans un environnement incertain et turbulent et ce que certains qualifient faussement de spéculation est un acte éminemment économique dans la pratique des affaires ) en jouant sur la loi des grands nombres impliquant de revoir le code pénal dépénalisant les actes de gestion des acteurs économiques et éventuellement choisir un bon partenariat. Dans ce cadre, pour le cas de l'Algérie, cela implique la prudence du fait que ces conditions ne sont pas actuellement remplies, le dernier rapport de la banque d'Algérie devant le Sénat le 13 juillet 2008 reprenant mes analyses développées , depuis plus de trois années avec une récente synthèse (2). A savoir une relative aisance financière due non pas à une gouvernance interne mais à des facteurs exogènes( le tout tiré par les dépenses publiques via les hydrocarbures permettant une paix sociale fictive par la redistribution passive de salaires ( prédominance des emplois non productifs faute d'une visibilité et d'une cohérence dans la démarche de la réforme globale ) encore qu'existe une concentration excessive du revenu national au profit des rentes et l'extension de la sphère informelle, produit de la bureaucratie croissante. Cela pose la question de l'efficacité de la gestion et le gaspillage des ressources financières et une relative régression économique, taux de croissance 1,8% en 2006, inférieur à 3% en 2007, certainement inférieur à 3,5% en 2008, les 80% de taux de croissance de 6% hors hydrocarbures en 2007 étant tiré directement non par l'entreprise mais par les dépenses publiques via les hydrocarbures ( dont le BTPH) malgré un programme de soutien à la relance économique 2004/2009 allant vers 190 milliards de dollars ( déclaration officielle du Ministre des Finances fin juin 2008). Cela est corroboré par la régression des exportations hors hydrocarbures avec moins de 2% dont 50% des déchets ferreux ou semi- ferreux moyenne 2007/prévision 2008,malgré un taux de change dépassant un euro ,100 dinars , l' importation de plus de 2 milliards de dollars de blé en 2008 malgré les sommes colossales du programme de développement agricole PNDA. Et comme conséquence ,des tensions sociales croissantes avec l'accroissement des poches de pauvreté et du taux de chômage selon l'organe officiel ONS,passant de 11,8% en 2006 à près de 14%, en 2007, beaucoup plus si l'on ajoute les emplois fictifs ( le programme actuel de l'emploi étant déconnecté des mutations mondiales avec plus de 500.000 demandes additionnelle par an ) le retour de l'inflation (plus de 6% prévision pour 2008 selon la banque d'Algérie et près de 12% selon certains instituts internationaux ), cela n'étant pas propre à l'Algérie, comme je l'ai démontré dans deux interviews au niveau international l'une à la télévision France 24 le 03 juillet 2008 " les populations de l'OPEP profitent-elles de la hausse du prix du pétrole " et à RFI (Radio France Internationale)" les déterminants du prix du pétrole au niveau international " le 9 juillet 2008, mais à l'ensemble des pays pétroliers (4) entraînant une détérioration du pouvoir d'achat des revenus fixes.