Alors que le projet Desertec, qui prévoit l'alimentation de l'Europe en électricité solaire provenant d'Afrique du Nord, ne fait pas l'unanimité, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a appelé, hier, à Milan, à "la complémentarité énergétique entre les pays du Maghreb et l'Europe", notamment à travers une intégration des réseaux électriques maghrébins et européens. Le ministre qui participe au forum économique et financier pour la Méditerranée, qui se déroule à Milan, a souligné, au cours de son intervention à la session énergie, les efforts déployés par l'Algérie pour promouvoir les échanges énergétiques régionaux à travers les interconnexions gazières et électriques dans le bassin méditerranéen. Dans ce sens, le ministre a mis en avant deux projets relatifs à une interconnexion sous-marine "Algérie-Espagne" d'une capacité de 2000 MW, en cours d'études, et une interconnexion "Algérie-Italie" (1000 MW), en cours d'examen. La réalisation de ces infrastructures "indispensables" permettra, dit-il, "d'améliorer la sécurité d'approvisionnement, d'assurer la liberté de circulation de l'électricité entre les pays et d'améliorer la compétitivité des opérateurs utilisateurs d'énergie et ce, au profit des consommateurs". Les interconnexions déjà réalisées et celles programmées, a ajouté le ministre, ont favorisé le lancement de l'initiative "marché maghrébin de l'électricité" à travers le protocole d'accord signé en 2003 à Rome entre la Commission européenne et les trois pays concernés (Algérie, Maroc, Tunisie). Un projet financé par l'UE et dont "la concrétisation est en bonne voie", a-t-il estimé. Pour ce qui est du gaz, M. Khelil a rappelé que le gazoduc Enrico Mattei (Transmed), reliant l'Algérie à l'Italie via la Tunisie, sera en mesure de transporter 32 milliards de m3/an à la fin 2009, tandis que le gazoduc Duran Farel, reliant l'Algérie à l'Espagne via le Maroc, a vu sa capacité augmenter de 8 milliards de m3/an à 11,5 milliards de m3/an. Et d'ajouter que trois projets de gazoducs sont en cours à savoir : Medgaz (Algérie-Espagne) qui sera mis en service à la fin 2009, Galsi (Algérie-Italie) dont le démarrage des travaux est prévu pour 2010 ainsi que le Transsaharian gas pipeline (TSGP. Long de 1 050 km, dont 550 km sur le territoire algérien, Medgaz, d'une capacité initiale de 8 milliards de m3/an, extensible par la suite à 16 milliards de m3/an, devrait coûter 900 millions d'euros. Pour sa part, le projet de gazoduc Galsi devrait permettre à l'Algérie d'expédier 8 milliards de mètres cubes de gaz vers l'Italie à l'horizon 2012. D'une longueur totale de 1 470 km et d'une profondeur en mer de 2 800 mètres, le gazoduc Galsi, qui devrait faire ses premières livraisons vers l'Italie à partir du champ gazier géant de Hassi R'mel en Algérie, traverse l'île de Sardaigne pour aboutir en Toscane. De son côté, le TSGP va acheminer 20 à 30 milliards de m3 de gaz naturel du Nigeria vers l'Europe via l'Algérie et le Niger à partir de 2015. Ce projet devrait augmenter l'approvisionnement de l'Europe en gaz et aussi développer les livraisons de GNL vers les Pays-Bas. S.G.