Le président turkmène, Kourbangouly Berdymoukhamedov, a ordonné, vendredi à son gouvernement de demander l'arbitrage de la Cour internationale de Justice à propos de gisements de gaz que le Turkménistan et l'Azerbaïdjan se disputent dans la région de la Caspienne, un différend qui pourrait compromettre le projet de gazoduc Nabucco.Pour sa part, l'Azerbaïdjan a déclaré samedi qu'il défendrait ses intérêts. S'exprimant sur la chaîne de télévision ANS, le vice-ministre des Affaires étrangères Khalaf Khalafov a ainsi affirmé que le gouvernement était "prêt à défendre les intérêts de l'Azerbaïdjan par tous les moyens disponibles, y compris diplomatiques". "Pour ce qui est des procédures en justice, si cela s'avère nécessaire, nous sommes prêts à l'envisager aussi", a déclaré M. Khalafov. Selon M. Khalafov, l'Azerbaïdjan a d'ores et déjà procédé au début des années 90 à des études sur les gisements et s'était penché sur leurs aspects géographiques, physiques et juridiques. "Nous avons mené toutes les recherches nécessaires au bien-fondé de nos positions et de nos droits", a-t-il ainsi assuré. Pour rappel, les cinq pays riverains de la mer Caspienne (Azerbaïdjan, Kazakhstan, Turkménistan, Russie, Iran), n'ont pas trouvé d'accord sur un tracé de leurs frontières dans cette zone depuis la chute de l'Union soviétique. La situation s'envenime, alors qu'en début de semaine le P-DG de la Société publique du pétrole et du gaz (GNKAR), Rovnag Aliev, a affirmé que l'Azerbaïdjan assurerait le transit de gaz provenant des gisements de la côte est de la Caspienne vers l'Europe. Des propos tenus lors d'une rencontre de la "troïka" européenne conduite par le chef de la diplomatie suédoise Carl Bildt. Rovnag Aliev a assuré à cette occasion qu'il était "possible de réaliser les trois projets de gazoducs, Nabucco, TGI (Turquie-Grèce-Italie) et TAP (Gazoduc transadriatique), qui font partie du "Couloir Sud". L'Azerbaïdjan en tant que pays disposant d'importantes ressources énergétiques, est prêt à participer à tous ces projets compte tenu de leur rendement", a expliqué M.Aliev. De son côté, le président turkmène a déclaré à la mi-juillet que le Turkménistan était prêt à participer au projet Nabucco - concurrent du projet russe South Stream - et à l'approvisionner en gaz. Lancé en 2002, avec pour objectif de réduire la dépendance énergétique des pays de l'Union européenne vis-à-vis de la Russie, le projet de gazoduc Nabucco a franchi une nouvelle étape avec la signature d'un accord intergouvernemental à Ankara par les représentants de cinq pays sur les six engagés dans le projet. Nabucco devrait entrer en service en 2014. Son coût est estimé à 7,9 milliards d'euros et prévoit des livraisons de gaz en provenance de gisements caspiens via l'Azerbaïdjan, la Géorgie, la Turquie, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et l'Autriche. D'une capacité de 31 milliards de mètres cubes par an, il transportera dans un premier temps près de 15 milliards de mètres cubes. Les deux tiers du gazoduc - près de 2.000 km (sur une longueur totale de 3.300 km) - passeront par le territoire turc. Le gazoduc TGI aura quant à lui une capacité de transport de 8 à 10 milliards de mètres cubes par an. Par la conduite TAR le gaz caspien sera pour sa part livré à l'Italie du Sud-Est, par la Grèce et l'Albanie. Son lancement est prévu pour 2011. Sa capacité de transport sera de 10 milliards de mètres cubes, avec une possibilité de doublement. Samira G.