Le président russe, Dmitri Medvedev, devait se rendre hier au Turkménistan pour tenter d'apaiser les tensions entre les deux pays après une brusque réduction des importations de gaz de cet Etat d'Asie centrale vers la Russie, à la suite d'un incident controversé. Medvedev rencontrera son homologue turkmène, Gourbangouly Berdymoukhamedov, pour la première fois depuis l'explosion en avril sur un gazoduc au Turkménistan. Achkhabad a accusé le géant russe Gazprom d'être à l'origine de l'avarie en réduisant brusquement le volume de gaz pompé sans en avertir préalablement son homologue Turkmengaz. «Les pourparlers ne seront pas faciles», prévient un responsable du gouvernement turkmène, sous le couvert de l'anonymat, soulignant que les entretiens porteront sur «la coopération dans le domaine du gaz». «Les positions des deux parties sont connues et on espère qu'elles trouveront un compromis et une solution qui leur profiteront mutuellement», a-t-il ajouté à propos du gaz. Au cours de ce voyage, le président russe devait se rendre dans la ville de Turkmenbachi pour assister à une course de véhicules tout-terrain avec Berdymoukhamedov, a indiqué vendredi dernier le Kremlin, repris par des agences de presse. Les deux dirigeants devaient aussi discuter des moyens d'intensifier la coopération dans le domaine du gaz, y compris des «projets stratégiques», a ajouté la présidence russe, sans autres détails. Lors de cette rencontre, le gouvernement turkmène et Itera, une société gazière russe, devait signer un accord pour le développement des gisements de gaz dans la mer Caspienne. Fin 2007, un accord sur la construction d'un gazoduc allant de la mer Caspienne à la Russie a été signé entre la Russie, le Kazakhstan et le Turkménistan. Berdymoukhamedov avait rencontré son homologue russe en mars à Moscou. La signature très attendue d'un accord sur la construction d'un gazoduc avait alors été reportée. Des responsables du Kremlin avaient fait savoir que les deux présidents se rencontreraient durant l'été à Moscou ou Saint-Pétersbourg. Mais cela n'a pas eu lieu après l'explosion sur le gazoduc au Turkménistan en avril, qui a fait perdre à Achkhabad au moins cinq milliards de dollars, selon les estimations du Centre est-européen d'analyse de gaz. Le Turkménistan a accusé la Russie d'avoir été à l'origine de cet incident en réduisant brusquement le volume de gaz pompé, permettant à Moscou de réduire ses importations de gaz turkmène à un moment où la demande de gaz en Europe était en baisse. Moscou a démenti ces accusations en affirmant qu'il s'agissait d'un incident technologique. Mais des experts soulignent que les exportations de gaz turkmène en Russie n'ont toujours pas repris, suggérant que la Russie attend que le Turkménistan réduise son prix. Selon des analystes, le Russie importe un faible volume de gaz turkmène depuis l'explosion. La seule chose qu'ils puissent faire, c'est reprendre les livraisons comme auparavant, indique Mikhaïl Kortchemkine, directeur du Centre est-européen d'analyse de gaz, en allusion à la Russie. R. E.