Le logement est un problème primordial en Algérie. C'est pour cette raison, d'ailleurs, que les banques, qu'elles soient publiques ou privées, à travers l'interdiction du crédit à la consommation, ont été, désormais, orientées vers le crédit immobilier pour qu'elles pèsent de tout leur poids sur le marché du logement. Il faut savoir que le montant des crédits à la consommation accordés par les banques avoisine les 90 milliards de dinars, alors que celui de l'immobilier, malgré la forte demande, atteint les 140 milliards de dinars. Pour la majorité des économistes nationaux, la démarche du gouvernement est un "signal fort", à l'exemple de Mustapha Mekidèche, vice-président du Cnes, qui, contacté, hier, par Le Maghreb, a déclaré, en effet, que la chute des prix du pétrole, la hausse des importations et le déficit budgétaire ont contribué énormément à cette nouvelle mesure. "C'est un pas conservateur engagé par le gouvernement, pour protéger l'économie nationale, et booster la croissance du secteur du BTPH, qui n'a jamais été aussi porteur" a-t-il dit. Néanmoins, certains observateurs craignent que cette nouvelle mesure encourage le développement des marchés informels, notamment celui de l'électroménager ou encore celui des véhicules d'occasion. Ce dernier (automobile d'occasion), va sûrement reprendre de plus belle. Car, si cette nouvelle mesure a fait certainement beaucoup de mécontents parmi les Algériens, ces derniers sont, faut-il le reconnaître, de grands consommateurs et l'interdiction du prêt bancaire ne va pas les inciter à faire marche arrière. Au contraire, les ménages, pour ceux qui se permettent bien sûr, traiteront directement avec les revendeurs, sans passer par les banques. Ce qui augmentera les risques de spéculation avec l'absence de garantie, à l'exemple des deux marchés anarchiques de Tidjelabine et celui d'El Harrach, qui ne répondent, en fait, à aucune norme commerciale. Les premiers échos font déjà état des petites citadines qui ont vu leur prix augmenter entre 30 et 35% par rapport à l'ancienne tarification. Pour les petites bourses, il faudra attendre la réunion de la tripartite, dès la rentrée sociale, au mois de septembre, pour la renégociation des salaires. Dans ce contexte, Mekidèche dira que la réunion de la tripartite, va permettre d'augmenter le pouvoir d'achat du citoyen et pourra ainsi consommer "dignement". Ce qui n'est pas le cas de l'Association des concessionnaires automobiles d'Algérie (Ac2a), pour laquelle cette nouvelle disposition de la loi mettra en péril ce secteur d'activité. "Le marché a connu un sérieux coup de frein avec l'introduction de la taxe de 2008, et il connaîtra davantage cette année (...) mais le pire c'est que cela va directement toucher le secteur de l'emploi vu que les investissements vont baisser (...) je vous laisse deviner le reste" dira un membre de l'association. En effet, chez les concessionnaires, c'est la stupéfaction totale. Ceux-ci prennent conscience maintenant qu'ils sont la cible du gouvernement, surtout lorsqu'on sait que plus de 50% des ventes de véhicules des concessionnaires s'effectuent par le biais de la formule crédit automobile. Il n'est, par ailleurs, même pas utile de sonder la température auprès des banquiers : c'est tout un segment d'activité qui vient d'être supprimé, sans oublier le licenciement du personnel recruté par les concessionnaires et dédié au service crédit. L'investissement dans le secteur connaîtra, lui aussi, un point mort, alors que les ventes de véhicules chuteront sans nul doute. Pour rappel, la Cnep avait déjà pris la décision, depuis plusieurs années, de suspendre définitivement ce genre de crédits pour se concentrer sur son métier qui est l'immobilier, avant de voir les banques publiques lui emboîter le pas. Adnane Cherih