Des métiers et des activités d'artisanat demeurent, à El Oued, en butte à de sérieuses contraintes qui risquent d'hypothéquer leur avenir, constate-t-on dans les milieux de l'artisanat de la région. Des activités artisanales entières, ajoute-t-on, sont en voie de disparition du seul fait du recul des ventes après l'âge d'or vécu par ce créneau durant les années 1970 et 1980 lorsque la région était visitée par de nombreux touristes nationaux et étrangers.Des produits de la maroquinerie tels ''El Affane'' (chaussure traditionnelle à peau caprine ou cameline) ou de tissage comme le burnous et "El Kachabia'', ainsi que des articles de la poterie et de la vannerie ont connu une nette régression de vente en dépit des efforts déployés par les artisans eux-mêmes pour tenter de pérenniser l'activité. "L'extinction totale de certaines activités menaçait n'était-ce l'intervention des pouvoirs publics à travers des programmes de soutien et d'assistance, et le concours de la population locale qui s'efforce encore de porter certains vêtements traditionnels", a résumé le directeur de la Petite et moyenne entreprise et d'artisanat (DPMEA), M. Ameyer Hocine. Ce n'est pas le cas de chefs-d'œuvre anciens, d'objets d'ornement ou d'instruments de musique, qui ne sont demandés que par une clientèle "artiste" ou possédant un certain sens du raffinement comme les collectionneurs ou certains touristes algériens ou étrangers. Ce genre d'activité assez spécifique ne résistera pas, à l'évidence, à la crise du secteur, d'autant qu'elle ne peut prétendre à un soutien de l'Etat, lequel soutien se concentre sur les produits du tissage notamment. Le DPMEA a souligné que les activités de tissage qui ont connu avant 2006 un net déclin avaient, pour ainsi dire, ressuscité grâce au fonds de soutien aux activités traditionnelles qui, à coup de lots d'équipements de mercerie et d'autres outils nécessaires au profit des artisans des produits de la vannerie, dont le couffin en palmier et les plats traditionnels. S'agissant de la fabrication des instruments de musique à cordes, le luth et la cithare (Qanoun) notamment, l'on a recensé un seul fabricant à El Oued qui s'emploie à préserver cette activité à la satisfaction des rares clients intéressés. C'est le cas aussi de la poterie, apanage d'un fabricant unique. Ahmed Kricha, un artisan de la ville d'El Oued n'a pas manqué d'afficher son appréhension quant à l'avenir de son activité de tapisserie et de tissage, et le peu d'intérêt manifesté par les gens sur ses produits. Cet artisan s'est reconverti au tissage après une expérience malheureuse en poterie à cause de contraintes de rentabilité, d'exiguïté des locaux, de commercialisation des produits, et de cherté de la matière première, dont le poil de chameau et la laine dont le prix dépasse les 1.500 DA par Kg. Quoiqu'un peu désespéré, cet artisan chevronné ne désarme pas et cherche des alternatives en misant sur l'innovation, un paramètre qui fait la force de tout travail artisanal. ''Le travail, la rigueur et la patience, sur fond de compter sur soi, sont des facteurs primordiaux pour surmonter les obstacles ayant toujours entravé notre parcours'', à résumé ce quinquagénaire. De son côté, Boutayeb Mohamed, artisan d'instruments de musique, qualifié de ''complexe'' sa situation car, a-t-il dit, la fabrication ou la réparation d'un luth, d'une guitare ou d'un cithare demande un travail d'une quinzaine de jours avec les coûts et les surcoûts qui vont avec. A cette contrainte, viennent se greffer la faible demande sur ces produits, le manque de qualification, ainsi que les prix de vente exorbitants de pareils produits, a expliqué cet artisan de la cité En Nour au centre de la ville des Mille coupoles.