Menace n Des activités artisanales entières sont en voie de disparition du seul fait du recul des ventes après l'âge d'or vécu par ce créneau durant les années 1970 et 1980. Des produits de maroquinerie tels que ‘el affane' (chaussures traditionnelles à peau caprine ou cameline), le tissage du burnous et de la ‘kachabia' ainsi que des articles de poterie et de vannerie ont connu une nette régression des ventes en dépit des efforts déployés pour tenter de pérenniser l'activité. «Certaines activités menaçaient de disparaître, n'était l'intervention des pouvoirs publics à travers des programmes de soutien et d'assistance ainsi que le concours de la population locale qui s'efforce encore de porter certains vêtements traditionnels», a indiqué le Directeur de la Petite et moyenne entreprise et d'artisanat (DPMEA). Ce n'est pas le cas de chefs-d'œuvre anciens, objets d'ornement ou d'instruments de musique, qui ne sont demandés que par une clientèle «artiste» ou possédant un certain sens du raffinement. Ce genre d'activité assez spécifique ne résistera pas à la crise du secteur. Le DPMEA a souligné que le tissage a ressuscité grâce au fonds de soutien aux activités traditionnelles. S'agissant de la fabrication des instruments de musique, l'on a recensé un seul fabricant qui s'emploie à préserver cette activité. C'est le cas aussi de la poterie, apanage d'un fabricant unique, Ahmed Kricha, un artisan de la ville d'El-Oued qui n'a pas manqué d'afficher son appréhension quant à l'avenir de son activité de tapisserie et de tissage, et le peu d'intérêt manifesté par les gens pour ses produits. Cet artisan s'est reconverti au tissage après une expérience malheureuse en poterie à cause de contraintes de rentabilité, d'exiguïté des locaux, de commercialisation des produits et de cherté de la matière première. Bien qu'un peu désespéré, cet artisan ne désarme pas et cherche des alternatives en misant sur l'innovation. «Le travail, la rigueur et la patience sont des facteurs primordiaux pour surmonter les obstacles ayant toujours entravé notre parcours», a résumé ce quinquagénaire. De son côté, Boutayeb Mohamed, artisan d'instruments de musique, qualifie de «complexe» sa situation car, dit-il, la fabrication ou la réparation d'un luth, d'une guitare ou d'une cithare demande un travail d'une quinzaine de jours avec les coûts et les surcoûts qui vont avec. A cette contrainte, viennent se greffer la faible demande sur ces produits, le manque de qualification ainsi que les prix de vente exorbitants de pareils produits. Pour venir en aide aux artisans soucieux de l'avenir de leurs activités, le DPMEA d'El-Oued a assuré que des efforts sont entrepris, avec le concours de différentes parties concernées par le secteur, dont la Chambre d'artisanat notamment pour qui l'objectif suprême est la préservation des métiers en voie de disparition.