Marouane Barghouti, figure charismatique du Fatah emprisonné à vie en Israël, a été élu au comité central du mouvement de Mahmoud Abbas, selon des résultats préliminaires publiés mardi. A la surprise générale, l'ancien Premier ministre Ahmed Koreï, l'un des principaux négociateurs des accords israélo-palestiniens d'Oslo en 1993, a quant à lui perdu son siège. Ces élections organisées à l'occasion du VIe Congrès du Fatah à Bethléem, en Cisjordanie, étaient les premières depuis vingt ans. Elles ont donné lieu à un important renouvellement des instances du mouvement dirigé par le président palestinien Mahmoud Abbas. Sur les dix membres de la "vieille garde" qui briguaient la réélection, quatre seulement conservent leur poste au sein du comité central, l'organe exécutif du mouvement dont 18 des 21 sièges étaient en jeu. Une douzaine de membres de la nouvelle équipe dirigeante du Fatah sont élus pour la première fois, notamment deux anciens responsables des forces de sécurité, Mohammed Dahlan, ancien chef de la Sécurité préventive à Gaza et grand adversaire des islamistes du Hamas, ainsi que Djibril Radjoub. "C'est un résultat inattendu, un grand bouleversement", a déclaré un neveu de l'ancien président Yasser Arafat décédé en 2004, Nasser al Kidoua, qui a été élu au comité central. Marouane Barghouti, 50 ans, purge une peine à perpétuité en Israël après avoir été jugé coupable de multiples assassinats en tant que chef présumé des Brigades des martyrs d'Al Aksa. L'entrée au comité central de cet ancien chef du Fatah pour la Cisjordanie, animateur charismatique de la seconde intifada et "martyr" des geôles israéliennes, pourrait s'avérer judicieux dans l'optique d'une future succession d'Abbas. "Barghouti pourrait être un bon leader pour le Fatah car il les qualités de dirigeant requises. Les gens l'aiment et le Fatah dépend du soutien populaire", a déclaré Moundhir Amira, un militant réformiste de 39 ans. Le scrutin pour désigner la nouvelle direction du parti Fatah est entré dans la phase de décompte des voix à 21h20 heures locales (19h20 GMT) ce lundi soir dans la ville de Bethléem en Cisjordanie. Quelque 2 500 délégués du Fatah ont participé dimanche et lundi aux élections internes destinées à nommer les 18 membres qui formeront le comité central du mouvement et les 80 membres de son conseil révolutionnaire. Abbas, qui avait été réélu lui-même samedi à main levée à la présidence du mouvement, de sorte qu'il a été impossible de mesurer l'importance de son opposition interne, est âgé de 74 ans et n'a pas de successeur désigné susceptible de régénérer le mouvement. Le sixième Congrès du Fatah, qui se déroule actuellement dans les territoires palestiniens pour la première fois en 20 ans, a débuté le 4 août dans la ville biblique de Bethléem. Il doit cependant faire face à l'absence de 400 de ses membres, empêchés de s'y rendre par le Hamas. Notons qu'au même moment, Israël a ouvert un nouveau front avec le Liban. Ainsi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré lundi que Beyrouth sera tenu responsable pour toute attaque ciblant Israël depuis le Liban, si le groupe chiite armé libanais du Hezbollah rejoint le nouveau gouvernement. "Si le Hezbollah est entré au gouvernement en tant qu'un organe officiel, qu'il soit clair que le gouvernement libanais sera tenu responsable pour toute attaque sur Israël venant de son territoire ", a averti M. Netanyahu, cité par le service d'information israélien Ynet. De son côté, Cheikh Naim Qassem, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, a indiqué lundi que la résistance contre Israël n'est pas une option politique, ni une réaction momentanée, mais une fortification de l'indépendance. S'exprimant à l'occasion de l'anniversaire d'Imam Mahdi et du troisième anniversaire de la guerre libano-israélienne de 2006, M. Qassem a indiqué que la résistance contre Israël constitue une option de vie, d'existence, ainsi qu'une défense du territoire, de la continuité et de l'indépendance."Nous deviendrons plus puissants si Israël accentue ses pressions contre nous, et notre détermination sera renforcée s'il profère des menaces contre nous", a affirmé M. Qassem.