Le Hamas et le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas se sont échangés samedi des accusations au sujet des affrontements meurtriers qui ont coûté la vie à 22 personnes dans la bande de Gaza contrôlée par le Hamas. Les affrontements ont éclaté vendredi dans l'après-midi lorsqu'un Imam inspiré par les enseignements d'al-Qaïda a annoncé la naissance d'un émirat islamique au mépris du mouvement islamique modéré du Hamas qui contrôle le territoire depuis deux ans. Le Hamas a envoyé des troupes à Rafah, ville du sud de la bande de Gaza, pour arrêter l'Imam, appelé par ses adeptes comme Abu Noor al-Maqdisi, mais la mesure a provoqué un affrontement qui s'est achevé ce matin avec la mort d'al-Maqdisi, d'un commandant local du Hamas, de six policiers du Hamas et de six civils ainsi que de nombreux disciples de l'Imam. Ismail Haniyeh, Premier ministre du Hamas, a implicitement accusé le Fatah, qui domine l'Autorité palestinienne, d'encourager ce groupe extrémiste à créer du désordre dans la bande de Gaza. "Après l'échec de la guerre et le siège sur Gaza, une certaine partie a exploité des jeunes et les a nourris d'une étrange idéologie pour considérer l'assassinat comme légal," a indiqué Haniyeh au cours d'un atelier diffusé sur la chaîne satellitaire du Hamas. Il a expliqué que les disciples d'al-Maqdisi, qui se font appeler Jund Anssar Allah (Soldats des partsans de Dieu), ont agressé le gouvernement, l'ont qualifié d'infidèle et ont pris les armes contre lui" et c'est pourquoi les forces de sécurité ont réprimé les combattants. Plus tôt, le ministre de l'Intérieur du Hamas a ouvertement accusé les services de sécurités de l'Autorité palestinienne soutenus par le Fatah, basés en Cisjordanie, de soutenir ces rebelles afin de rétablir leur contrôle sur la bande de Gaza. Entre temps, le comité central du Fatah, la plus haute instance de prise de décision du Fatah, a indiqué que le Hamas tentait de " traduire l'expérience afghane et somalienne dans la bande de Gaza. " "Le Hamas est derrière les massacres et la destruction et il a ouvert la porte à de nouveaux gangs qui sont venus dans notre patrie," a indiqué une déclaration du comité nouvellement élu à l'issue de sa seconde rencontre sous la direction d'Abbas. La déclaration a ajouté que le Hamas a utilisé des tunnels souterrains en deça des frontières entre Gaza et l'Egypte pour faire entrer des combattants étrangers, qui ont essentiellement combattu en Afghanistan et en Irak. Pour rappel, ds combats entre le Hamas et un groupe djihadiste dissident affilié à Al Qaïda ont fait au moins 22 morts dans le sud de la bande de Gaza, dont le chef de ce mouvement radical qui avait proclamé un "émirat" islamique dans le territoire palestinien. Le Centre palestinien des droits de l'homme a avancé, lui, un bilan de 28 morts et d'une centaine de blessés à Rafah, près de la frontière égyptienne. Ces violences entre Palestiniens sont sans précédent depuis juin 2007, qui vit les islamistes du Hamas évincer de Gaza les forces du Fatah du président Mahmoud Abbas. Abdel-Latif Moussa, alias Abou al Nour al Makdessi, a péri dans les affrontements qui ont opposé son groupe Djound Ansar Allah ("Guerriers de Dieu") aux policiers du Hamas dans la mosquée Ibn Taymea, a dit un porte-parole du ministère de l'Intérieur géré par le Hamas. Selon des responsables du Hamas, Moussa et un Syrien d'origine palestinienne du nom de Khaled Banat, alias Abou Mohammed al Moudjahir, se sont fait exploser en actionnant une de leurs bombes après avoir tué un médiateur qui tentait de mettre fin aux accrochages. L'un des fils de Moussa aurait également été tué dans les combats. Six policiers du Hamas et six civils sont au nombre des morts. Trois enfants ont péri, selon des responsables du Hamas qui ont accusé le groupe et son chef inspiré par Al Qaïda d'avoir déclenché les violences par le sermon de vendredi annonçant l'instauration d'un régime théocratique radical. "Nous tenons le Djound Ansar Allah et Moussa responsables de ce qui s'est passé en raison de proclamation brutale d'un émirat", a dit Taher al Nono, porte-parole d'Ismaïl Haniyeh, chef du gouvernement Hamas, lors d'une conférence de presse. Le groupe de Moussa "voulait un retour à l'anarchie mais nous avons clairement dit que cela ne se produirait jamais", a affirmé Ehab al Ghsain, un autre porte-parole du ministère de l'Intérieur. La confirmation par le Hamas de la présence d'un Syrien parmi les activistes du Djound Ansar Allah contredit des propos tenus la veille par Haniyeh, qui avait assuré qu'aucun combattant non palestinien ne se trouvait dans le territoire.